Au moment où on croyait que les opérations de lutte contre le marché parallèle et l'évasion fiscale allaient mettre fin au marché informel, les marchands illégaux viennent de reprendre de plus belle et continuent même de s'étaler à travers tous les quartiers de la capitale. Ainsi, plusieurs quartiers d'Alger reprennent leurs actions initiales, mais c'est au niveau de la commune de Sidi M'hamed à Alger que ce fléau prend des proportions alarmantes. La fin du programme de lutte n'a point effrayé les commerçants ambulants. L'administration fiscale, qui semble décidée à ne pas lâcher prise face à la propagation de l'activité informelle, a déjà fait état de plus de 1000 opérations de contrôle au niveau des quartiers de Belouizdad et de Bachdjarah. La direction régionale du commerce (DRC) a enregistré durant le premier semestre de l'année 2010, selon un premier bilan, 1 milliard de dinars en ventes et achats de marchandises sans factures. Le bilan de cette institution fait également état de plus de 1000 infractions à la législation commerciale en vigueur tandis que le montant des factures non conformes s'élève à plus de 2 milliards de dinars et celui des marchandises saisies a atteint plus de 10 millions de dinars. En revanche, la DRC d'Alger a établi plusieurs procès-verbaux et décisions de fermeture administrative de locaux commerciaux. Ces opérations de contrôle ont, faut-il le noter, ciblé principalement des créneaux caractérisés ces derniers temps par la vente de produits contrefaits. Il s'agit, à titre indicatif, de pièces de rechange, d'articles de ménage et d'électroménager. A Belouizdad, les clients, à majorité des femmes, s'y bousculent. On y trouve de tout, des ustensiles de cuisine aux œufs en passant par les fruits et légumes ou les chaussures. L'endroit s'apparente à une fourmilière, un vrai bazar grouillant et bouillant à l'approche du déjeuner. Malgré l'installation de parasols par les commerçants, les produits alimentaires semblent souffrir de la chaleur. Mais au-delà de la pression qu'on peut y ressentir, l'insalubrité des lieux nous conduit au dégoût. En revanche, les habitants de Belouizdad, qui ont récemment organisé un rassemblement de protestation devant la commune du quartier, s'étonnent que les policiers soient plutôt «cool» avec les vendeurs à la sauvette. Le marché de Bachdjarah a été délocalisé durant quatre mois, mais les revendeurs ont repris possession des lieux début janvier. Les habitants et commerçants de la commune ont organisé, rappelons-le, un rassemblement devant le siège de la wilaya déléguée d'El Harrach. Leur seule revendication est de débarrasser définitivement le quartier des revendeurs informels. Les protestataires ont improvisé un marché parallèlement au marché informel, sous les fenêtres du wali délégué, une manière de protester contre l'indifférence des autorités locales. En revanche, le wali s'est dérobé. Les protestataires n'ont par contre pas été reçus malgré leur insistance. Selon eux, il faudrait donc recourir à la violence, comme le font certains avec des résultats plus significatifs, ce sera le seul moyen pour espérer être entendus par les pouvoirs publics, ont fait savoir les représentants des quartiers de la commune.