La nouvelle constitution sera moderne, démocratique et répondra aux aspirations du citoyen, a estimé hier le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, précisant que tous les changements prévus vont être sur la base d'une large concertation des partis et des personnalités politiques, d'experts et autres représentants de la société civile. «La nouvelle constitution ne peut aller que dans le sens d'une plus grande ouverture de la consécration de l'Etat de droit et du rétablissement de toutes les libertés publiques», a déclaré le ministre sur les ondes de la chaîne III. Le régime politique sera celui que les citoyens auront à choisir, a-t-il précisé, expliquant que c'est la commission annoncée par le chef de l'Etat «qui va déterminer les lignes directrices de cette nouvelle constitution qui sera examinée par le président de la République avant de la soumettre au parlement ou à la consultation populaire». Le ministre qui a tenu à dire que ces réformes arrivent «au bon moment» a estimé que pour la loi électorale, le point essentiel à changer concerne le régime de la représentativité.» L'essentiel va porter sur le système de représentativité des partis au niveau des élections, a dit M. Ould Kablia qui n'a pas manqué de noter que ce qui va changer aussi, ce sont les compatibilités, soit qui peut être candidat et qui ne le peut pas pour une raison ou une autre. Cette loi «va définir les critères relatifs à certaines activités», a-t-il ajouté. Aucun parti politique ne sera agréé avant 2012 Concernant la loi sur les partis politiques, le ministre de l'Intérieur a fait savoir qu'elle interviendra pour corriger les insuffisances de la loi de 1990, qualifiée de «permissive», car amendée dans «la précipitation». «Nous estimons que cette loi a accordé un agrément à plus d'une soixantaine de partis politiques, dont une bonne quarantaine ont disparu», a-t-il affirmé. Réaffirmant qu'aucun parti politique ne sera agréé avant le deuxième semestre 2012, il a indiqué que la nouvelle loi apportera des changements profonds pour rectifier les lacunes constatées en matière de représentativité à travers les régions du pays, de démocratie, de l'absence des assemblées générales et autres scrutins à bulletin secret. Il y a des partis qui sont dirigés par la même personne depuis quinze ans et plus et d'autres ont plusieurs directions, a-t-il relevé, en annonçant qu'une quarantaine de partis sont en attente d'un agrément. Il a aussi affirmé que «la Constitution ne permet pas la naissance de partis islamistes qui ne se revendiquent pas du système démocratique». Pour le code communal, il a précisé qu'il n'est pas «limitatif», mais «semblable» à ceux des autres pays en matière de gestion des assemblées locales. Le texte ne sera pas retiré pour une seconde lecture, comme souhaité par certains, car «il a été examiné pendant six mois par le gouvernement et quatre mois par l'APN», a-t-il expliqué, en relevant que les amendements proposés sont dans la forme et non le fond. En réponse à une question sur les disparités entre le nord et le sud du pays, le ministre a nié cette dernière et en veut pour preuve certains indices montrant le contraire, notamment ceux relatifs aux taux de raccordement au gaz naturel, à l'électricité et à l'éducation. Le problème au sud, «c'est l'emploi et les coûts de certains produits», a reconnu le ministre en affirmant que «les gens du sud ne se plaignent pas de leurs conditions de vie, mais souhaitent les améliorer». Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a lié la recrudescence des attentats à la situation politique dans le pays. «Je lie cette reprise de cette activité à l'évolution de la situation politique dans le pays». C'est comme dire que «rien ne peut se faire dans ce pays si nous ne sommes pas partie prenante», a-t-il dit en soulignant qu' «il y a trois ou quatre régions du pays où le terrorisme se manifeste. Il est évident que c'est toujours possible pour ces unités terroristes qui vivent généralement d'une manière dispersées de regrouper un certain nombre de combattants pour faire une action médiatique. Il faut mettre cela sur le compte de la baisse de vigilance. Lorsque les choses paraissent calmes et apaisées, les services de sécurité ont tendance à baisser la vigilance. Cela explique le grand nombre de personnes décédées récemment». La situation sécuritaire aux frontières stable Pour ce qui concerne la circulation des armes, M. Ould Kablia a indiqué que c'est une «supposition». «Il y a des possibilités d'infiltration d'armement à partir de la frontière libyenne. Je n'ai pas connaissance que ces armes sont déjà parvenues, mais cela n'est pas à exclure», a-t-il précisé. Les services de sécurité doivent, a-t-il dit, déterminer les types d'armes utilisées dernièrement. S'agit-il d'armes connues auparavant ou alors d'armes nouvelles ou lourdes ? Cela reste à vérifier. Je ne peux pas me prononcer sur cette question», a-t-il ajouté. Cependant, il a qualifié la situation sécuritaire aux frontières de stable. «Elle est suivie et contrôlée. Des moyens importants ont été mis en place le long des frontières du Sahel, pas nécessairement à cause de la situation qui prévaut en Libye. Bien avant cela, nos services de sécurité ont renforcé leur implantation aux frontières Sud. Ils ont renforcé leur présence au niveau des frontières libyennes qui sont longues de plus de 1000 km. Là aussi, l'effort a été fait. Je pense qu'il donnera des résultats», a-t-il soutenu. La levée de l'état d'urgence va restaurer toutes les libertés Par ailleurs et au sujet des déclarations de Frank La Rue, rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'expression et d'opinion, faites lors d'une conférence de presse à Alger, le ministre s'est montré ferme. Elles sont «inopportunes» et «ne nous engagent absolument pas. Ceux qui veulent nous donner des leçons doivent bien se garder de le faire», a-t-il dit, ajoutant que la Constitution algérienne accorde le maximum de libertés qui peuvent ne pas exister dans d'autres pays qui nous donnent des leçons aujourd'hui. Il s'agit de la liberté de conscience, la liberté syndicale, la liberté d'expression, la liberté de réunion, la liberté d'association. Il y avait eu peut-être une petite restriction avec l'application de l'état d'urgence. Maintenant que cet état d'urgence a été levé, toutes ces libertés vont être restaurées et l'accès aux médias également autorisé et encouragé», a-t-il ajouté.