Brahim Boulguane, secrétaire général de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) s'est démarqué des mouvements de contestation des étudiants qui secouent l'université et la rue. Pour lui, le lancement de la grève des étudiants a été fait de façon spontanée et sans aucune arrière-pensée politique. C'est la raison pour laquelle l'Unea a appelé ses délégués à participer à ces mouvements avant de décider de se retirer après avoir constaté la manipulation politique. «Ces mouvements de contestation qui durent depuis plusieurs mois n'ont évoqué que 1% de la crise profonde que vit l'université», a-t-il indiqué. Il a mis en garde contre toutes les tentatives partisanes visant la récupération du mouvement estudiantin et sortir la revendication universitaire de son véritable contexte. «Des parties appellent au changement, moi je dis qu'il faut impliquer les jeunes et les cadres universitaires compétents dans la prise de décision. C'est comme ça qu'on valorise le statut d'étudiant universitaire», a-t-il indiqué lors d'un meeting organisé hier à l'université d'Alger II en présence de centaines d'étudiants, des élus du FLN, et des cadres du ministère de l'Enseignement supérieur. «Je ne suis pas contre la politisation de l'université. Bien au contraire, car j'estime que c'est à la fac et avec les étudiants qu'on doit débattre des grands problèmes de la nation mais je dénonce fortement les tentatives visant à imposer des idées partisanes à l'université et la récupération de la situation critique des étudiants pour des enjeux et objectifs politiques inavoués», a-t-il précisé. Le SG de l'Unea a évoqué l'absence flagrante d'organisations estudiantines sur lesquelles il n'a pas hésité à tirer à boulets rouges. «Nous sommes huit organisations estudiantines agréées qui représentent moins de 20% des étudiants», a-t-il avoué en saluant les nouvelles initiatives faites dans ce sens. Pour le premier responsable de l'Unea, la fermeture des portes du dialogue par le ministère de l'Enseignement supérieur et par tous les directeurs des établissements universitaires, a été à l'origine du pourrissement de la situation dans tout le secteur. «Nous exigeons que les directeurs d'établissements se comportent comme des enseignants universitaires et non pas comme des responsables administratifs», a-t-il souligné en précisant que son organisation a alerté le ministère sur les multiples problèmes de l'université depuis longtemps. Outre le problème de contact entre les administrations et les étudiants, le n°1 de l'Unea critique la gestion de la crise et de la contestation universitaire par le ministre de l'Enseignement supérieur «qui n'a jamais organisé une conférence de presse pour parler franchement de ce qui se passe», a-t-il ajouté. M. Boulguane saisit cette occasion pour revenir sur les principaux problèmes de l'université. «Le système LMD a été appliqué différemment de la longue publicité qui lui a été consacré avant sa mise en œuvre. Il n'y a ni professeurs de qualité ni enseignants accompagnateurs. Les étudiants se sentent encore dans le système classique. On forme des chômeurs au bout de trois ans au lieu de quatre ans», a-t-il précisé. Il a appelé à l'instauration d'un pacte universitaire. Une ancienne revendication dont l'application a été faite dans l'opacité totale. L'Unea appelle à la réactivation du conseil de l'éthique des professions de l'université ainsi que l'application des lois de représentativité des étudiants dans toutes les commissions universitaires. Le n°1 de l'Unea a critiqué la gestion des œuvres universitaires, estimant «que les fonds consacrés aux étudiants ne leur sont jamais parvenus». C'est pour cela qu'il a demandé la dissolution de cet office et la décentralisation de la gestion des affaires universitaires.