Brahim Boulgane nous a fait savoir que des étudiants affiliés à son organisation ont pris part au mouvement de protestation. L'Expression: Des étudiants accusent les organisations de vouloir récupérer leur mouvement. Que repondez-vous à cela? Brahim Boulgane: En tant que SG de l'une des grandes organisations estudiantines, je déclare qu'en aucun cas l'Unea n'a, au grand jamais, essayé de manipuler le mouvement des étudiants enclenché depuis le mois dernier. Aussi, il est à signaler que nous n'avons pas été manipulés par le premier responsable de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Bien au contraire, nous avons toujours dénoncé et reproché au ministre d'avoir opté pour le silence au lieu de communiquer et d'ouvrir ses portes aux différents délégués, représentant leurs écoles et universités, pour débattre de leurs problèmes. nous avons même dénoncé le manque de communication maintenu par certains chefs d'établissement à l'égard de leurs étudiants ayant soulevé des zones d'ombre quant à leur sort dans le cadre du nouveau système, voire du système classique. Donc, nous refusons et dénonçons toute accusation qui nous vise, car même s'il y a des étudiants affiliés à l'Unea dans le présent mouvement, leur participation est engagée au seul titre de leur statut d'étudiant. De ce fait, il convient de dire sans risque de se tromper, que le manque de communication et de dialogue entre les étudiants et leur tutelle, mais aussi avec leurs chefs d'établissement respectifs chef de département, doyens et recteurs, est à l'origine de l'ampleur prise par le cours du mouvement des étudiants, qui risque d'être sérieusement manipulé pour des objectifs de politique politicienne. Des étudiants ont souligné le fait que vous avez entamé un dialogue avec le ministre en leur nom. Est-ce vrai? Certes, nous avons entamé des contacts avec le ministre pour désamorcer la crise que traverse aujourd'hui l'Université, néanmoins nous nous sommes présentés devant la tutelle en tant qu'organisation estudiantine. Soucieuse et consciente des risques encourus par l'Université algérienne dans le cas où le mouvement s'inscrit dans la durée, l'Unea veut participer à trouver des solutions à la crise et proposer, par voie de conséquence, des solutions éventuelles. Dans ce sillage, nous avons demandé au ministre d'associer dans les prochaines conférences régionales et nationales les différents représentants des étudiants, issus des différentes universités et grandes écoles pour mieux trouver un terrain d'entente et débattre ensemble de toutes les préoccupations posées par les étudiants afin de leur trouver une solution salvatrice. Et pour être illustratif, j'ai même proposé aux étudiants protestataires une rencontre avec le ministre. Néanmoins, ces derniers ont complètement refusé mon offre. Que voulez-vous dire par «votre crainte de voir le mouvement des étudiants récupéré et manipulé par des cercles politiques»? Nous avons, en effet, au sein de l'Unea une grande crainte que le mouvement des étudiants soit manipulé et récupéré par des cercles politiques. Je m'explique: l'Algérie compte au moins 1.300.000 étudiants à travers le territoire national. 300.000 se trouvent à Alger, où le mouvement se durcit de plus en plus, où le mouvement est de plus en plus exposé à la manipulation qui le guette de partout. Il faut dire qu'aujourd'hui, certains cercles politiques travaillent d'arrache-pied pour faire sortir le mouvement des étudiants dans la rue et l'exploiter pour d'autres objectifs que ceux arrêtés au préalable. Des cadres de partis politiques sont ainsi signalés parmi des étudiants grévistes dans les campus universitaires. Cela en plus des revendications qui, de plus en plus, prennent une couleur politique. Que comptez-vous faire alors pour désamorcer la crise à l'Université? Nous comptons d'abord mobiliser et conscientiser les étudiants sur les risques de manipulation et de dérapage qui peuvent arriver dans le cas où ces derniers sortent dans la rue. Nous leur disons: «Méfiez-vous d'être exploités par des partis politiques.» Sortir dans la rue, c'est s'exposer aux récupérations et aux manipulations politiciennes. Les étudiants peuvent crier leur colère et se mettre en grève, mais il ne faut pas qu'ils sortent en ces moments de tension sociale.