La prophylaxie (l'injection des facteurs de coagulation) pour les hémophiles doit être généralisée en Algérie, a recommandé Karima Chennoukh, médecin biologiste au CHU Beni Messous. Mais jusqu'à présent, aucun texte de loi ne prévoit obligation de l'octroi du médicament pour permettre aux malades de se prendre en charge. Actuellement, les patients sont obligés de se rendre à l'hôpital pour prendre leur médicament de coagulation. Dans la wilaya d'El Oued, par exemple, les hémophiles ne suivent pas un traitement prophylactique, a déploré Abdeldjalil Slama, secrétaire général de l'association des hémophiles El Wassl. «Le traitement préventif est un rêve pour les malades», a-t-il indiqué, en relevant l'absence de médecin spécialiste en hématologie à l'hôpital d'El Oued. Le manque d'hématologues au niveau des établissements hospitaliers, appuie le docteur Chennoukh, engendre un déficit en termes de prise en charge. De son côté, Djilali Talaighil, secrétaire général de l'Union des hémophiles de Béjaïa, a tenu à mettre en relief le déficit en médicament de coagulation. Il a dénoncé aussi le refus de l'hôpital de donner le médicament aux malades pour se prendre en charge à domicile, comme il est fait ailleurs, notamment à Tizi Ouzou où les patients disposent facilement de ce médicament, grâce au travail des bénévoles des associations et la compréhension du corps médical. M. Talaighil a interpellé le corps médical pour cesser de dire aux hémophiles que leur traitement coûte cher. «La prise en charge des hémophiles n'est pas plus onéreuse que les autres pathologies», a-t-il fait remarquer, relevant que lorsque le malade prend un traitement préventif, il évitera de facto des complications en cas d'accident. L'absence de la prophylaxie en Algérie, a-t-il alerté, occasionne l'invalidité pour certains. Evoquant son cas personnel, il a noté qu'il a besoin de subir une intervention chirurgicale pour lui poser une prothèse à la hanche qui coûtera 3 millions DA. «N'était-il pas préférable d'opter pour un traitement de prévention dès le jeune âge pour éviter des handicapés dans le futur», s'est-il demandé.