Les chiffres annoncés par les services des anciens combattants de l'ambassade de France en Algérie n'ont pas laissé de marbre la Fondation 8 Mai 1945 qui, par le biais de son président Kheiredinne Boukherissa, crie au «scandale». Ce dernier conteste d'emblée toute la batterie de chiffres communiqués lors de la conférence de presse animée mercredi dernier par le représentant de la chancellerie française à Alger, l'ambassadeur Xavier Driencourt, ainsi que Philippe Pages, le directeur du service des anciens combattants relevant de la même institution. Ni le nombre des anciens combattants algériens ayant servi dans l'armée française, évalué à 47 500, ni le montant global de 71,8 millions d'euros déboursés annuellement par l'Etat français pour le paiement des pensions, encore moins les 10 000 demandes qui, selon la chancellerie française en Algérie, sont formulées annuellement par des Algériens pour l'obtention d'une carte d'ancien combattant, aucune de ces données «n'est réelle», tonne le président de la Fondation 8 Mai 1945. Kheiredine Boukherissa persiste et signe : «Ces chiffres ne tiennent pas la route. Ils sont surréalistes, assurément gonflés et scandaleux», s'écrie-t-il. Selon lui, le nombre d'Algériens incorporés dans les rangs de l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale et la guerre d'Indochine, dont certains sont encore vivants et résident en Algérie» sont très minimes et ne pourraient en cas atteindre les 47 500». Tout en mettant en évidence le caractère souverain de la chancellerie française dans notre pays, notre interlocuteur n'hésitera pas à qualifier de «saugrenue» l'autre annonce relative aux 10 000 demandes transmises annuellement par des citoyens algériens désirant octroyer une carte d'ancien combattant de l'armée française, afin de bénéficier des indemnités attribuées en ce sens. Des annonces à connotation politique Le président de la Fondation 8 Mai 45 soutient mordicus que la dernière sortie médiatique de l'ambassade de France en Algérie traitant du sujet des anciens combattants «dénote d'une absence de maîtrise de ce dossier par la chancellerie française». Il tient aussi à préciser que les données communiquées par l'ambassadeur Driencourt et le directeur du service des anciens combattants sont «à connotation politique, dans l'objectif de dérouler le tapis rouge aux opérateurs français et leur permettre ainsi de s'accaparer de parts importantes de marché en Algérie». Pour ce qui est des indemnisations des victimes algériennes des essais nucléaires français effectués dans la région de Reggane (Sud algérien), le président de la Fondation 8 Mai 1945 fera savoir que «la France nous a piégés», expliquant qu'avant de procéder à l'indemnisation des victimes algériennes, dont le nombre est de 30 000, l'Etat français devrait d'abord procéder au nettoyage et à la désinfection de la région de Reggane des restes des essais nucléaires exécutés de la période s'étalant de 1960 à 1967. A noter que parmi les 30 000 victimes des essais nucléaires recensées en Algérie, uniquement 47 demandes d'indemnisation ont été réceptionnées par les services des anciens combattants de l'ambassade de France à Alger et ce, depuis l'entrée en vigueur d'un texte de loi promulgué à cet effet en janvier 2010.