Un convoi de l'armée régulière soudanaise lourdement armé a pénétré dans la province contestée d'Abyei, provoquant des affrontements avec la police locale qui ont fait 14 morts, ont indiqué hier le responsable du district et l'ONU. Les heurts ont éclaté dimanche lorsqu'un commandant de l'armée du président nordiste Omar Al Bachir a tenu à entrer dans le territoire malgré les tentatives de la police de stopper son convoi de 200 soldats et de six véhicules tout-terrains montés de mitrailleuses. Un porte-parole de la force de maintien de paix de l'ONU a confirmé les heurts, affirmant que l'une de ses patrouilles avait trouvé 14 corps après avoir été empêchée dans un premier temps d'approcher les lieux par une foule en colère. Une patrouille a trouvé lundi 14 corps, 11 portant des uniformes la police locale conjointe (nord-sud) et trois en habits civils, a précisé Kouider Zerrouk. Le Nord et le Sud se sont accusés d'envoyer en grand nombre des soldats irréguliers à Abyei, en violation de la trêve conclue en janvier appelant au retrait de toutes les forces du secteur à l'exception de la police conjointe et de la force de l'ONU. Les négociations Nord-Sud sur l'avenir de cette province n'ont pas enregistré de progrès. Un référendum devait avoir lieu également en janvier pour permettre à Abyei de choisir son rattachement au Nord ou au Sud, mais il a été reporté sine die, notamment en raison d'un différend sur le droit de vote des Misseriya, une tribu de nomades arabes. La semaine dernière, M. Béchir a prévenu que son gouvernement ne reconnaîtrait pas le futur Etat du Sud-Soudan s'il revendique la province contestée d'Abyei, et son ambassadeur à l'ONU a prévenu que toute initiative unilatérale du Sud-Soudan sur Abyei pourrait déclencher une nouvelle guerre.