La grève des contractuels de l'assemblée populaire communale (APC) de Tizi Ouzou prend de l'ampleur. Désormais, les fonctionnaires de la commune, notamment les titulaires, viennent de rejoindre le mouvement de protestation «par solidarité avec les 271 collègues contractuels de l'APC». Ces travailleurs ont organisé hier une marche à laquelle près de 600 fonctionnaires ont pris part. C'est à 10h30 que les marcheurs ont entamé leur parcours, en passant par les rues Abane Ramdane, Rabia Ali et Houari Boumediene, avant d'arriver devant le siège de la daïra de Tizi Ouzou. Sur place, ils ont tenu un sit-in de 15 minutes, scandant leurs slogans hostiles aux responsables locaux. «L'incompétence se cache derrière l'autorité», «Du pain pour nos enfants» ou encore «Toute peine mérite salaire», pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les travailleurs. «Naguim dégage !», «Naguim, les affaires, cinq mois sans salaires», étaient les slogans repris par les manifestants pour dénoncer «une gestion catastrophique» de M. Kolli Naguim, maire de Tizi Ouzou qui n'a pas, selon eux, «fait le moindre effort allant dans le sens du règlement de la situation prévalant à l'APC». Le départ du P/APC réglera-t-il le problème ? Les protestataires n'en doutent pas. Cette «solidarité» des travailleurs titulaires de l'APC avec leurs collègues contractuels est intervenue, faut-il le souligner, après les pratiques de l'administration, jugées «illégales» envers eux. «On est sans prime de rendement pour les trois mois de janvier, février et mars», nous a déclaré un des fonctionnaires, ajoutant que «le salaire du mois d'avril est pour le moment bloqué, alors que d'habitude, on perçoit nos salaires au plus tard le 5 du mois». S'agit-il alors de pressions ou de sanctions pour casser le mouvement ? La question mérite d'être posée. Rappelons que la justice a déclaré jeudi dernier, «illégale» cette grève observée depuis un mois. Les contractuels revendiquent la régularisation de leur situation administrative par une titularisation, ainsi que le versement des arriérés de salaires de cinq mois. Décidés à maintenir la pression jusqu'à satisfaction de l'ensemble des revendications des travailleurs titulaires et contractuels, ils devaient tenir une réunion hier en fin de soirée «pour trancher la question de constitution d'un nouveau syndicat qui défendra haut et fort les aspirations des fonctionnaires», nous a indiqué un protestataire. Il paraît que le bureau du syndicat actuel, affilié à l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens), est «défaillant», d'où la «nécessité de restructurer ses rangs», estime-t-il. Maintenant, il est temps pour les pouvoirs publics de passer à l'acte, si vraiment une volonté de règlement de la situation existe. Du côté des travailleurs, il n'est pas question de mettre fin à la grève illimitée tant que les promesses sont privilégiées au détriment du concret. Pour le citoyen, la situation se dirige vers le pourrissement du moment que tous les services de la commune du chef-lieu de wilaya sont paralysés. On compte plus de 1300 travailleurs au total.