Le mouvement de protestation observé mercredi dernier par les douaniers algériens n'a pas permis d'arracher le dialogue tant souhaité sur les revendications exprimées, notamment les augmentations salariales. Les syndicalistes se disent déçus par «le silence du directeur général des douanes, Mohamed Abdou Bouderbala», et comptent se réunir ces jours-ci pour décider des suites à donner à cette contestation. En effet, le conflit entre les douaniers et la direction générale autour des augmentations salariales risque de durer et de prendre des proportions alarmantes. Des syndicalistes membres de la Fédération nationale des travailleurs des douanes (FNTD) ne conçoivent pas le fait que la direction générale n'ait pas réagi «positivement» aux attentes des agents qui ont observé mercredi «une journée de protestation nationale», un mouvement qui a été «largement suivi», selon le représentant des protestataires, Kamel Ramdane, qui est également secrétaire général de la section syndicale du port d'Alger. Les contestataires se disent déçus par le niveau des augmentations salariales ne dépassant pas les 40% pour certaines catégories (les corps techniques) et 20% pour le personnel assimilé. «Au lieu de nous écouter et d'essayer de comprendre notre mouvement de protestation, les responsables des douanes ont plutôt fait usage de menaces et d'intimidations à l'encontre des agents qui voulaient protester. Ils ont considéré notre mouvement illégal, en évoquant le règlement intérieur. Ils savent très bien que le règlement intérieur ne concerne pas l'activité syndicale. La direction et le secrétaire général de la Fédération nationale nous poussent vers une situation de pourrissement. Ils ne cherchent pas à comprendre notre détresse. Mais nous avons décidé de poursuivre notre mouvement de protestation. Les actions seront déterminées dans le cadre de nos prochaines réunions. Nous sommes des syndicalistes légitimes venant de la base», a tenu à souligner le secrétaire général de la section syndicale des douaniers du port d'Alger. Service minimum assuré S'agissant des conséquences de cette journée de protestation, le syndicaliste a tenu à rappeler que le service minimum a été assuré aux niveaux des ports, aéroports et postes frontaliers. «Nous sommes conscients et nous ne cherchons pas à pénaliser les opérateurs et les citoyens. Les vols aériens n'ont pas connu de retard et les marchandises de première nécessité et périssables ont été réceptionnées. Dans le cadre de notre action de contestation, nous n'envisageons pas de prendre en otages les citoyens et les opérateurs. Notre but est d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur notre situation socioprofessionnelle», a soutenu notre interlocuteur. Au niveau du service fret de l'aéroport international Houari Boumédiene d'Alger, un responsable du service, qui a requis l'anonymat, a indiqué que le mouvement de protestation n'a pas perturbé les activités de son département. Au niveau du port d'Alger, on a appris également d'une source proche de la direction que la journée de protestation déclenchée par les douaniers n'a pas eu de conséquences négatives sur l'activité portuaire. Selon notre source, la journée de protestation est intervenue dans une période caractérisée par une baisse importante de l'activité portuaire. Du côté de la Fédération nationale des travailleurs des douanes, le mouvement de contestation de mercredi dernier a été initié sans son accord. «Nous n'avons pas eu de réclamations et de remarques sur les augmentations salariales et le statut des fonctionnaires des douanes. Nous restons toujours à l'écoute des travailleurs», nous a précisé hier Belkacem Cherafa, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des douanes, une fédération affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Le SG de la FNTD a tenu à rassurer quant à la prise en charge des revendications salariales des douaniers. «Les augmentations salariales seront perçues durant le mois de mai», a-t-il fait savoir en annonçant que le rappel des augmentations prendra effet à compter du 1er janvier 2008. Il a été convenu, selon lui, que les autorités financières du pays (le Trésor public) verseront la première tranche des rappels au mois de juin. La deuxième tranche sera versée durant l'année 2012. Le premier responsable de la Fédération a ajouté que le statut particulier des fonctionnaires des douanes algériennes a été également publié. «Nous sommes prêts à étudier les remarques et les observations des travailleurs, mais dans le cadre légal», a souligné M. Cherafa.