Annoncée pour Aujourd'hui et demain Gel de la grève de la douane Sidi Saïd, comme à l'accoutumée, a joué le rôle de pompier. Le conflit qui allait paralyser, pendant deux jours, ports et aéroports du pays, les poumons de l'économie nationale, a finalement été désamorcé. Le Syndicat national des douanes, à l'issue d'une réunion de deux heures avec Sidi Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, a décidé, hier, de geler la grève. Le déclenchement du mouvement était suspendu la matinée à un écrit du Chef du gouvernement, scellant son feu vert à la satisfaction des deux principales revendications des douaniers : une augmentation de 20% de la prime trimestrielle et l'intégration des corps communs dans les corps techniques. Le syndicat s'en tenait alors seulement à un accord verbal du chef de l'exécutif, communiqué à l'issue de contacts avec le patron de l'UGTA et le DG de la douane. Le syndicat voulait absolument un écrit pour désamorcer la grève. Or, le Chef du gouvernement a signé, hier, un décret portant augmentation de 20% de la prime trimestrielle, un gain de 2 000 à 2 500 dinars pour l'ensemble des douaniers, selon le secrétaire national de la douane, M. Badaoui, et donné une instruction écrite à M. Kharchi, le DG de la Fonction publique, pour l'intégration des corps communs dans les corps techniques. Cette mesure, qui touche ouvriers professionnels et chauffeurs de la douane, concerne 1 200 agents. Ils deviennent des corps constitués, c'est-à-dire assumant entièrement la fonction de douanier, en un mot, d'agent de contrôle. En menaçant de recourir à la grève, le syndicat national a donc forcé la main à l'Exécutif. Sidi Saïd a joué le rôle de pompier. C'est lui qui a informé, au cours de la réunion de deux heures, les représentants syndicaux de la douane de la signature par Ouyahia, en dernière minute, du décret sur la prime et de l'instruction sur l'intégration des corps communs. L'annonce a fait l'effet de l'eau sur la braise. Le syndicat a donc décidé de geler la grève, en attendant que de telles mesures soient appliquées. Il convient de rappeler ici, que sur une plate-forme de 21 points de revendications, les tractations buttaient sur ces deux points. Le bras de fer était engagé avec l'Exécutif, puisque la décision écrite de les régler était arrêtée avec le précédent Chef du gouvernement. L'actuel locataire du Palais du gouvernement qui a succédé à Benflis n'a pas appliqué une telle décision sur laquelle s'était engagé l'état algérien. Le Syndicat national de la douane a eu, aujourd'hui, gain de cause. Les douaniers touchaient, nous dit-on, une prime de 2 500 DA par trimestre. Même avec cette prime, ils ne percevaient, de manière générale, qu'un salaire de 11 000 DA environ. Pour le syndicat national, la décision d'Ouyahia d'augmenter l'indemnité ne constitue, en fait, qu'un réajustement. Ainsi, le Chef du gouvernement est en train de courir pour obtenir la paix sociale. La lutte contre la corruption, en particulier au sein de la douane, pourra attendre. N. R. et A. W. Satisfaction des deux principales revendications des douaniers Lebib : “Le Chef du gouvernement a donné son aval” Contacté hier, le directeur général de la douane, M. Lebib, affichait une sérénité quant au débrayage des douaniers prévu pour aujourd'hui et demain. Pour le premier responsable de cette institution, la direction générale a satisfait l'ensemble des revendications du Syndicat national des douanes, du moins pour celles qui relèvent de ses prérogatives. Le conflit ne se résume pas à un bras de fer entre le syndicat et la direction. La balle est plutôt dans le camp du gouvernement concernant les deux principales revendications des douaniers : l'augmentation de la prime trimestrielle de 20% et l'intégration des corps techniques. Or, sur ces deux points, le Chef du gouvernement a donné son feu vert pour leur règlement, confirme le directeur général de la douane. Ce dernier a commenté ainsi l'évolution du conflit qui semble s'acheminer vers le dénouement : “Le Chef du gouvernement a donné son aval à ces deux revendications. Sa parole ne peut être que respectée. La direction générale a donné suite aux revendications qui la concernaient : amélioration de la situation des agents, formation, recyclage… Les autres revendications qui dépassent la direction générale ont été prises en charge. Elles ont été transmises aux services concernés. Celles-ci vont aboutir, suite à l'écoute attentive du Chef du gouvernement. M. Ouyahia a donné son aval pour le règlement du problème de reliquat, c'est-à-dire l'indemnité spéciale spécifique, ainsi que celui de l'intégration des corps communs, en fait des ouvriers professionnels et des chauffeurs, puisque le cas des ingénieurs et des techniciens avait été réglé. Cependant, ces ouvriers professionnels et ces chauffeurs ne peuvent être acceptés en tant qu'agents de contrôle que s'ils ont le niveau de première AS et la formation requise. Leur intégration va améliorer leur situation sociale. La direction générale partage la préoccupation du syndicat national. La lutte contre la corruption et l'assainissement de l'institution constituent des axes de notre politique. Nous nous réjouissons du soutien des partenaires sociaux dans cette vision. Ceci implique et nécessite une amélioration de la situation socioprofessionnelle pour favoriser cette politique qui entre dans la stratégie des pouvoirs publics.” Débrayage à la douane Une perte de 70 milliards de centimes par jour Une grève à la douane coûte une dizaine de fois l'enveloppe destinée annuellement à la satisfaction des deux revendications, c'est-à-dire l'augmentation de la prime et l'incidence financière de l'intégration des corps communs, soit 7 milliards de centimes, nous a indiqué, hier, M. Badaoui, secrétaire national du Syndicat national des douanes. Un jour de grève à la douane coûte donc à la collectivité un minimum de 70 milliards de centimes. Si elle perdure, c'est l'approvisionnement des ménages en produits de large consommation qui sera perturbé. Bref, la panique. Ouyahia a bien compris l'enjeu en signant rapidement et le décret et l'instruction. À noter que la douane emploie 12 000 agents dont la majorité touche un salaire de misère, d'où les multiples tentations de complicité avec les réseaux d'importateurs véreux. N. R.