Les ministres de la Justice et de l'Intérieur de l'Union européenne ont écouté «sans broncher», jeudi à Bruxelles, leur collègue danois leur annoncer la décision de son pays de rétablir le contrôle douanier à ses frontières. Les «27» se sont montrés disposés à durcir, dans un premier temps, les conditions de contrôle des flux migratoires à l'intérieur de l'espace commun, dans un premier pas en direction de la remise en cause, à terme, de l'accord Schengen, un pilier de la construction européenne. Les Européens semblent se donner le temps d'observer le phénomène migratoire en provenance de la rive sud de la Méditerranée, en fonction de l'évolution de la situation en Libye, actuellement le principal pays pourvoyeur de migration de la région. Quelques rares pays dont l'Espagne, la Belgique et Malte ont, toutefois, exprimé leur opposition à une éventuelle initiative destinée à durcir les clauses de l'accord Schengen sur la libre circulation des personnes à l'intérieur de cet espace. Le secrétaire d'Etat espagnol à la sécurité, Antonio Camacho, a estimé «non nécessaire» de réformer «l'actuelle législation qui prévoit tous les mécanismes permettant de faire face aux situations de menace grave pour la sécurité et l'ordre public» dans l'espace européen. Sa collègue secrétaire chargée de l'Immigration, Mme Anna Terrón, considère elle aussi «inutile d'amplifier les critères sur les contrôles temporaires dans les situations de flux migratoires». Une opinion qui ne pèse pas lourd dans la balance au regard du poids de Nicolas Sarkozy, soutenu par ses collègues des pays du Nord de l'Europe où comme au Danemark, l'extrême droite est en position de force qui entend faire de l'immigration son principal thème de campagne pour les élections de 2012.