Une cinquantaine de familles dans la commune de Staouéli sont menacées d'expulsion. La raison : le terrain qu'elles occupent depuis plus d'un demi-siècle servira d'assiette à un futur projet. Ce terrain, sis à quelques mètres de l'hôtel Sheraton, fait partie des biens de l'Etat. Cet état de fait a suscité leur colère. «Ils veulent nous évacuer sous prétexte de réaliser un projet», témoignent les occupants des terrains. Il s'agit, selon ces citoyens, majoritairement agriculteurs de profession, de la réalisation d'une ceinture de sécurité par la direction du tourisme de la wilaya. Réfutant cette décision, ces familles refusent catégoriquement leur évacuation. «Quoi qu'il arrive, on ne va pas bouger d'ici !», s'insurge un habitant de l'une des deux fermes relevant du terrain en question. «Cela fait plus de 50 ans que je suis ici, c'est toute une vie», déclare ce grand-père de plus de 80 ans avant de poursuivre : «Je suis comme un poisson qui ne peut pas quitter son élément naturel qui est l'eau». «Ce qu'on demande, ce sont nos droits au sein de notre localité», revendique un autre citoyen. Ce dernier a souligné dans ce sens que des promesses d'indemnisation à leur profit ont été prononcées il y a de cela déjà 17 ans, mais rien de tel n'a été concrétisé à ce jour. L'indemnisation est une solution alternative que réclament ces agriculteurs en cas d'application de cette décision par les autorités concernées à leur tête la direction du tourisme de la wilaya. Une indemnisation, selon ceux-ci, consiste à récupérer cette assiette de terrain. Recourir à l'acte, reste la seule solution, annoncent-ils, en cas de refus de leurs revendications. Quelle est la réaction de l'APC de Staouéli dans cette affaire ? Celle-ci sollicitée à maintes reprises, indiquent les concernés, se contente de leur répondre que le problème ne fait pas partie de son ressort, qu'il dépasse ses prérogatives. En dépit de leur ancienneté et leur possession des cartes d'agriculteurs, les familles menacées d'expulsion n'ont aucun droit d'exploiter la propriété qu'ils géraient depuis plus d'un demi-siècle. Le problème réside dans le fait qu'ils ne possèdent pas d'acte de propriété. «Cela fait longtemps que nous attendons ces papiers», affirme l'un des occupants des lieux. Cette situation met l'ensemble des habitants de l'assiette en question dans l'incapacité d'effectuer la moindre action que ce soit en matière de construction ou d'exercice d'une activité relative à l'agriculture comme l'élevage. Le problème de l'acte de propriété et le permis de construire ne touche pas uniquement ces familles, car à quelque 3 kilomètres de là d'autres familles soulèvent ce même problème. Ces citoyens réclament la régularisation de leur situation en demandant de se faire délivrer des permis de construire. «Je veux construire ici, c'est là que je suis né. Il y a des personnes étrangères à l'exploitation qui ont érigé des villas», déclare un habitant du quartier en montrant deux villas qui jouxtent son habitation de fortune. «lls viennent tout juste de s'installer sur les lieux. tout comme nous, ils ne disposent pas de permis de construire», dira le quinquagénaire avec un ton furieux. «Je suis prioritaire, car je suis plus ancien ici», dira son cousin tout en réclamant des permis de construire. En effet, ces anciens occupants des lieux n'ont généralement comme document que les factures de payement d'électricité et ne pourront pas, par conséquent, obtenir l'acte de propriété. Pour protester et réclamer ces actes qu'ils qualifient «d'injustes», l'ensemble des concernés sont décidés à ne pas baisser les bras.