A la veille du déclenchement de la grève générale qu'il a annoncée, le syndicat d'ArcelorMittal Annaba accuse la direction d'avoir plongé volontairement le complexe dans la situation de quasi-faillite dans laquelle il se trouve actuellement. Les représentants des travailleurs ont organisé hier une rencontre avec la presse après avoir rendu public un communiqué où les desseins de pourrissement de l'outil de travail du groupe étranger sont mis à nu à l'échéance du contrat décennal de partenariat. Smaïn Kouadria, qui animait la conférence de presse, ne cache pas son amertume en déclarant que l'employeur actionnaire à 70% au sein d'ArcelorMittal Annaba n'a jamais fait montre de sincérité dans le dialogue social, managérial, futuriste dont il s'est toujours targué. Au contraire, devait-il affirmer, il n'a fait que prouver qu'il est en Algérie pour uniquement tirer profit des richesses nationales. «Nous avons assisté à une spoliation en règle des ressources nationales par le partenaire étranger du temps d'Ispat, de Mittal ou suite à la fusion d'Arcelor avec Mittal, et ce, sans contrepartie aucune pour l'Etat algérien, encore moins pour les milliers de travailleurs qui travaillent au niveau du site d'El Hadjar. Nous sommes loin des objectifs du contrat gagnant avec ArcelorMittal qui n'a pour leitmotiv que ‘'business is business !'' et cela seulement», a martelé le syndicaliste. Dénonçant ouvertement les intentions mercantiles du groupe étranger, il fera constater à l'assistance que celui-ci a fini par démolir le tissu industriel autour de l'usine de Annaba en allant chercher très loin, particulièrement dans ses propres filiales aux quatre coins du globe, ce qu'il pouvait trouver aisément localement à un prix un peu plus cher. Ceci en comparant les prix pratiqués localement à ceux des marchés asiatiques, indiens et chinois, notamment, révèle Kouadria. «Par contre, chaque fois qu'ils ont eu besoin de la partie algérienne ils ont monté des dossiers pour obtenir encore moins cher que le reste du monde, à l'exemple des prix du gaz, de l'électricité, de l'eau, du transport ferroviaire et autres », signalera le conférencier. Abordant la question des emplois, il indiquera que ArcelorMittal n'a jamais fait grand cas de la ressource humaine. «C'est là un volet où le capitalisme outrancier a pris le dessus sur tout le reste, les départs en retraite, qu'ils soient volontaires ou autres, se sont multipliés et il n'y a pas eu de remplacements, l'essentiel étant pour l'employeur que l'usine devienne plus rentable», déplorera Kouadria en indiquant que depuis le début du partenariat, le site a fait l'objet d'une véritable saignée en ressources humaines : « Sur les 18 000 postes de travail initiaux, il n'en demeure plus que 5600 et encore moins, entre 2000 et 3000 seulement, n'eut été la vigilance du partenaire social.» Ils souligneront que ceci ne représente que la spoliation des emplois directs, car si l'on devait chiffrer les emplois indirects supprimés et le nombre de personnes à charge de chaque emploi, cela se chiffrerait à des centaines de milliers de personnes, regrettera le syndicaliste avant de conclure que par la faute des responsables du site, la production n'a fait que chuter jusqu'à stagner à 700 000 tonnes.