Le militant des droits de l'homme, Me Miloud Brahimi, a appelé hier l'Armée nationale populaire à se retirer de la vie politique pour ne s'occuper que de sa mission qui lui est dévolue, à savoir la défense du pays et sa Constitution. Au sortir de la rencontre qu'il a eue avec les membres de la commission Bensalah, Me Brahimi a d'emblée affirmé qu'il a axé son intervention sur la Constitution «mère de toutes les réformes» avant de «définir» sa vision de ce qui doit changer pour la consécration d'un Etat démocratique. «J'ai abordé plusieurs thèmes, notamment la révision de la Constitution, la loi sur l'information, les droits des femmes entre autres», a expliqué Me Brahimi, affirmant qu'il a insisté sur la révision de la Constitution «pour une raison très simple, à savoir qu'elle est la mère des réformes». Tout dépendra de la Constitution, a-t-il estimé, affirmant avoir expliqué que «l'objectif à atteindre par toutes les réformes initiées par le président de la République est l'instauration d'un Etat démocratique». Si tout le monde s'accorde à dire que la démocratie est la consécration de la souveraineté populaire dans la mesure où le président de la République ou les membres du Parlement sont élus par le peuple, a-t-il estimé, «il est impératif de considérer le deuxième aspect de la démocratie, véritable noyau, que sont les droits des citoyens dans un sens large que nul ne peut violer», a-t-il dit, expliquant qu'il s'agit du droit à la vie «qui signifie l'abrogation de la peine de mort», l'égalité de l'homme et de la femme, la pluralité politique, l'alternance au pouvoir notamment. «Il faut protéger ce noyau», a souligné Me Brahimi indiquant que ce rôle incombe à l'Armée nationale populaire. «L'armée doit être garante de la Constitution à condition qu'elle s'écarte définitivement du politique», a-t-il tonné. «Elle doit être totalement neutre pour se consacrer à sa mission de défense du pays, de sa sécurité intérieure et extérieure et à la protection de la Constitution», a-t-il encore précisé. Par ailleurs, Miloud Brahimi a indiqué avoir abordé plusieurs autres sujets comme la justice qu'il a «traitée du point de vue du justiciable». La rencontre était pour lui une occasion pour rappeler que l'indépendance de la justice n'a qu'un seul but, «celui de l'application de la loi, toute la loi, rien que la loi», a-t-il dit, affirmant qu'elle ne doit être qu'au service du justiciable. «Malheureusement, le justiciable souffre énormément des manques de notre justice», a-t-il regretté. «Nous espérons que nous parviendrons à trouver des solutions à ce sujet», a-t-il dit, car «il n'y a pas d'Etat de droit sans une justice à la hauteur». L'avocat a aussi évoqué la loi sur l'information, insistant sur la nécessité de l'ouverture de l'audiovisuel au privé, car «la presse écrite est totalement indépendante», s'est-il réjoui.