L'abrogation du code de la famille, le renforcement de la présence des femmes dans les postes de responsabilité et la protection de la jeunesse, sont les principales propositions formulées par les associations de femmes, hôtes de l'instance des réformes politiques hier. Mme Akila Ouared, présidente de l'Association défense et de promotion des droits de la femme (ADPDF) a plaidé pour l'égalité des droits entre les femmes et les hommes comme le stipule clairement la Constitution. Elle a appelé à l'abrogation du code de la famille qui est «une loi contraire à la Constitution». «C'est un code qui considère la femme comme une mineure à vie», a-t-elle regretté. Pour elle, les femmes ont prouvé leurs compétences et occupent aujourd'hui des postes de responsabilité importants. «Elles n'ont pas, malheureusement, les mêmes droits que les hommes», dira-t-elle lors d'une déclaration faite à l'issue de la rencontre avec la commission de consultations politiques. La présidente a également dénoncé la violence à l'égard des femmes, et s'est interrogée «au nom de quelle loi des hommes se permettent de frapper des femmes jusqu'à la mort ?» Mme Akila Ouared a appelé à la modernité de l'enseignement et de l'école algérienne qui doit inculquer aux enfants le respect de la femme. La présidente de l'ADPDF a abordé avec la commission les problèmes des jeunes Algériens et regrette l'ampleur de la «harga» et les solutions absurdes qui ont été trouvées par les pouvoirs publics. «Nos jeunes veulent quitter le pays par tous les moyens. Ils s'aventurent dans la harga. Ils courent le risque de mourir en mer ou sont confrontés à la prison si jamais ils sont sauvés. Cela fait mal. Ce n'est pas normal pour un pays qui a des moyens et l'or noir», a-t-elle souligné. Mme Ouared a évoqué le nouveau phénomène de l'immolation. «Nous avons lutté et combattu pour voir nos jeunes s'immoler», a-t-elle indiqué. Elle a plaidé pour le renforcement des aides des associations formant la société civile qui «font face à toutes sortes de problèmes». Nafissa Lahrech, présidente de l'association nationale de la femme dans la communication (ANFC) a qualifié l'instauration du système de quota pour la représentation des femmes dans les assemblées élues de «mesure provisoire» en attendant l'application de la légalité constitutionnelle qui permet aux femmes une participation dans tous les domaines. Pour ce qui est de la violence à l'égard des femmes, Mme Lahrech a plaidé pour la criminalisation de la violence à domicile dont sont victimes les femmes. L'ouverture du champ audiovisuel demeure une nécessité pour promouvoir la démocratie. L'ANFC a appelé à la mise en place des conditions pour faciliter le travail des journalistes et à la promotion de leurs droits socioprofessionnels. Elle a plaidé pour plus d'aide aux associations et leur permettre une plus grande liberté, une meilleure flexibilité à travers la réduction des mesures bureaucratiques qui entravent leur action sur le terrain. Mme Lahrech a appelé à l'implication de la femme dans les partis politiques. Elle a imposé comme condition la lutte contre le harcèlement à l'intérieur des formations politiques et le respect de la femme. La révision du code de la famille et l'application des analyses de l'ADN pour la protection des enfants abandonnés ont été les autres propositions formulées par l'ANFC. A quand 30% de femmes au sein des partis politiques ? Badiâa Satour, présidente de l'association Rachda a abondé dans le même sens en appelant à l'accélération des procédures mises en place pour obliger les partis politiques à intégrer les femmes dans les listes électorales avec un taux d'au moins 30% dans les assemblées. L'association Rachda a plaidé pour l'abrogation du code de la famille laissant la gestion de la vie civile au code des procédures civiles. Mme Satour a plaidé pour la nomination de plus de femmes dans le gouvernement étant donné que les femmes actuellement occupent les postes de ministres délégués et n'ont pas de portefeuilles complets à gérer. Les réformes des secteurs de l'éducation et de la justice doivent être reconduites et mises au goût du jour, selon cette association qui plaide également pour l'ouverture des médias et la présence en force des jeunes dans les prises de décisions. Mme Nadia Drid, présidente de l'association de la promotion et la protection de la femme et des jeunes a centré son intervention sur les jeunes à qui il faut donner plus de droits et de protection. Elle a dénoncé l'existence d'un grand nombre de partis politiques qui ne jouent pas leur rôle dans la société. Pour elle, les médias ne doivent pas être soumis à des pressions. Elle a plaidé pour une justice neutre qui règle les problèmes de la société civile. Mme Drid a également appelé à lutter contre la corruption et la bureaucratie.