Une journée hommage au militant de la première heure, au syndicaliste, historien et instituteur Mouloud Gaïd a été initiée mercredi au forum d'el Moudjahid par le département de la promotion culturelle du haut commissariat à l'amazighité. Ce programme se décline en deux volets, l'un faisant référence aux publications de Mouloud Gaïd relatives à la connaissance de l'histoire et l'autre sous l'angle des témoignages d'amis et de parents proches du défunt. Aussi bien Amar Benaouda, Cherif Souami, Tahar Gaïd (frère) que Mohamed Tahar Bouzghoub ont appréhendé chacun à sa manière le parcours du militant durant la guerre de libération nationale. Evoquant son patriotisme et son engagement pour la cause nationale, il est à signaler que Mouloud Gaïd a été un des proches des grands dirigeants de la révolution notamment le colonel Amirouche, Ferhat Abbas et Abane Ramdane. Par ailleurs, ces communications ont axé sur sa discrétion et sa grande probité intellectuelle. Les intervenants ont affirmé que l'homme honnête se présentait comme un nationaliste de bon aloi désintéressé. Un de ses amis a rappelé le parcours de ce lettré qui a embrassé comme vocation l'enseignement.
Il est à noter que Mouloud Gaïd natif en 1916 à Timengache dans la région des At Yala dans la wilaya de Sétif a entrepris une carrière d'enseignant à Ifren (Béjaïa) puis dans sa contrée natale. Mais pour ses prises de position contre la colonisation, il fut forcé de partir. «Pour l'instituteur qu'il était, la transmission du savoir impliquait indéniablement une quête de vérité enfouie dans les décombres d'une histoire écrite par les vainqueurs. Il fallait donc réécrire cette histoire dans le strict respect de la vérité. Dès lors il s'engage dans la voie du combat identitaire empreint de militantisme nationaliste. Son esprit rationnel conjugué à une envie forte de défier l'ordre établi, puisée des montagnes rocheuses qui l'ont enfanté, le hissa au sommet de la hiérarchie dirigeante au sein du GPRA, aux côtéd de ses amis Abane Ramdane, Krim Belkacem et Aissat Idir qui ont trouvé chez lui conseil et force de conviction», a-t-il été dit durant la conférence. Au lendemain de l'Indépendance, il fut député à l'assemblée constituante entre 1962 et 1964, avant d'occuper le poste de directeur commercial à Air Algérie. En 1968, il retourne à l'enseignement et se consacre à l'écriture. Il est à indiquer que Mouloud Gaïd exhortait à la réécriture de l'histoire qui avait été dévoyée et ternie par des desseins malsains. Il s'était engagé en faveur de l'amazighité et pour une Algérie plurielle. Une personnalité méconnue par la jeunesse D'ailleurs, en 1995, octogénaire, il accepta volontiers d'intégrer le Haut commissariat à l'amazighité qu'il voyait comme un acquis pour accomplir le combat identitaire. Sa modestie et son humilité intellectuelle forcent le respect que l'on retrouve dans tous ses manuscrits et qu'il n'a pas hésité à exprimer dans son livre sur l'histoire des At Yala. «Je souhaite que ce modeste travail serve de base de recherche aux futurs historiens qui désirent enrichir et actualiser l'histoire de notre région que nul à ce jour n'a tenté d'écrire. Un premier pas est fait, il est sans doute chancelant, incertain, mais il peut servir d'aiguillon à la curiosité de ceux qui veulent connaître leur pays d'origine, leurs racines et pourquoi pas, si le présent est connu, prévoir le devenir de cette population qui s'évade et de cette région qui se vide de sa principale substance». Cette argumentation rappelle son souci de la préservation de la culture et de l'identité algériennes ainsi que la pérennité des peuples. Ayant plusieurs écrits, ce syndicaliste militant décède en 2000. Ses recherches et écrits constituent une véritable source d'information pour une réhabilitation de l'histoire. Sa mission était d'accomplir ce devoir de mémoire qui s'inscrit dans la mémoire collective de tout un peuple. Il est à saluer l'initiative du haut commissariat à l'amazighité d'avoir revisité ce grand homme, cette personnalité politique souvent méconnue par la jeunesse.