Sur les 776 élèves inscrits cette année au lycée Okba de Bab El Oued, 135 sont exclus à l'issue des conseils de classe tenus cette semaine. L'association des parents d'élèves s'oppose à ces résultats, parle d'une «application froide de la réglementation» de la part du directeur de l'établissement et exige la réintégration de pas moins de 80% parmi eux à la prochaine rentrée scolaire. Grève des enseignants et transfert, pour travaux de restauration, des élèves de l'annexe vers le bâtiment principal du lycée Okba de Bab El Oued où les lycéens s'entassaient comme ils pouvaient dans les classes au moment où le chantier de l'annexe s'étalait en longueur. Cela a donné des résultats «catastrophiques» dès le premier trimestre. A ce moment-là, le bureau de l'association des parents d'élèves, qui s'y attendait un peu, a senti dans quelle direction soufflait le vent. Dans un courrier adressé, début février, à la direction de l'éducation d'Alger-centre, territorialement compétente, et au ministère de l'Education nationale, il a en effet clairement soulevé le problème en anticipant sur les événements. «Les résultats pédagogiques du premier trimestre sont catastrophiques. Qui peut assumer ces résultats ? Quels seront les résultats à la fin de l'année ? Est-ce qu'il y aura une justice pour les élèves qui seront exclus du lycée ?», s'est-il interrogé. Les résultats de la fin de l'année scolaire 2010-2011, comme attendu, sont «catastrophiques». Les conseils de classe, regroupant le directeur, les enseignants et l'association des parents, ont été tenus cette semaine. «Sur les 776 élèves, 135 seront exclus de l'établissement, tous paliers confondus», apprend-on auprès du bureau de l'association. «Le directeur a dirigé les conseils de classe de manière dictatoriale. Il décidait de tout. Il se contentait d'une application froide de la réglementation. Il n'a tenu compte ni de l'avis des enseignants ni de ceux de l'association. Les conseils n'ont pas été souverains comme le prétend la loi en vigueur», rapporte-t-on. Ainsi, tous ceux qui ont moins de 10/20 ont été tout simplement jetés dehors, alors qu'ils étaient moins d'une cinquantaine l'année passée. Les représentants des parents rejettent ces résultats. Pour eux, il est possible, eu égard à tous les événements qui ont perturbés la scolarité normale des élèves, de récupérer jusqu'à 80% des exclus. Sur le nombre total des lycéens «admis à la vie active», 79 étaient inscrits en première année. «Beaucoup parmi les exclus n'ont jamais redoublé, inscrits surtout en première année et ont eu plus de 9/20 de moyenne. Durant les conseils de classe, les enseignants ont attiré l'attention du directeur sur ces élèves qui pourront se rattraper si on leur donne une autre chance, mais il n'a rien voulu entendre. Il est même résolu à s'opposer le cas échéant à leur réintégration à la prochaine rentrée scolaire», précise le bureau de l'association. Les parents croient savoir que le premier responsable de l'établissement, qui est à sa première expérience en tant que directeur, cherchait une «vengeance» suite au blâme qu'il avait reçu de la tutelle. En février, le bâtiment central du lycée a été pendant deux jours le théâtre d'affrontements entre les élèves et des jeunes intrus armés de pétards et de couteaux et accompagnés de chiens. Ces événements sans précédent dans la vie de l'établissement ont été à l'origine de la constitution d'une commission d'enquête dépêchée par le ministère de tutelle et chargée de situer la responsabilité des uns et des autres dans cette affaire qui a défrayé la chronique locale. La commission a conclu à une part de responsabilité de la direction, d'où le blâme donné au titulaire du poste. L'association dispose également d'un argument de poids pour justifier son rejet des résultats de fin d'année. «Aucun élève de l'établissement ne connaît encore les résultats des examens du troisième trimestre. Les notes n'ont pas été affichées et les copies n'ont pas été consultées par les lycéens comme le stipule la réglementation. C'est une violation flagrante de la loi. Attention ! Il peut y avoir des erreurs dans les corrections et même dans la note donnée», assure-t-on. Pourquoi les résultats du troisième trimestre n'ont pas été portés à la connaissance des élèves ? «La direction a donné aux enseignants des instructions verbales de ne recevoir aucun élève», explique le bureau. Pour montrer son opposition à cette manière de gérer le parcours des élèves, les parents ont déjà pris attache avec la direction de l'éducation d'Alger-centre où ils sont attendus incessamment. «Nous allons d'abord exiger une solution acceptable pour les exclus. Nous allons demander la réintégration de la majorité d'entre eux. Nous savons qu'il ne risque pas d'y avoir un problème de place puisque l'annexe à l'établissement va rouvrir ses portes à la prochaine rentrée», indique-t-on. Comme deuxième revendication, l'association compte exiger un changement de direction. «Nous allons exiger le départ du directeur. Ce n'est pas possible de refaire une autre année avec lui. Nous demanderons un autre directeur qui sera qualifié, expérimenté et bon gestionnaire», conclut le bureau de l'association. Les résultats scolaires de fin d'année sont «catastrophiques» au lycée Okba, quelqu'un doit les assumer.