Vahid Halilhodzic a finalement accepté le «challenge» offert par l'Algérie, malgré sa mauvaise expérience en Côte d'Ivoire. Le nouveau sélectionneur ne craint pas la pression. Ses objectifs : la CAN 2013 et le Mondial 2014. Vahid Halilhodzic, cela doit être une grande satisfaction d'avoir été nommé à la tête de l'Algérie ? J'étais en contact avec les dirigeants de l'Algérie depuis un certain moment. Depuis des mois, le président de la Fédération tentait de me faire venir à la tête de l'équipe nationale mais j'étais occupé. Mon retour du Dynamo Zagreb a permis de faire avancer les choses. Le président et le vice-président sont venus il y a dix jours pour discuter. Ensuite, j'ai pris la décision d'accepter. Au départ, je dois dire que j'étais pas sceptique, mais méfiant à cause de la mauvaise expérience que j'avais eue avec la Côte d'Ivoire. J'avais toujours ça dans mes pensées. C'est pour ça que j'ai beaucoup réfléchi avant de prendre cette décision. La Fédération algérienne avait reçu plus de 45 candidatures. Qu'est-ce qui a fait pencher la balance en votre faveur ? J'ai entendu qu'il y avait beaucoup de candidats. Mais le président avait mon nom en tête et il voulait vraiment que je vienne. C'est un honneur d'être à la tête de l'équipe nationale d'Algérie. Ce sont tout de même 40 millions de supporters ! C'est une grande nation de football. Ils adorent le football. J'ai beaucoup d'amis algériens avec qui j'ai déjà travaillé à Paris. Mais c'est surtout la confiance énorme des dirigeants et leur volonté de m'avoir à la tête de l'équipe qui ont fait pencher la balance. Je vais tout faire pour ne pas les décevoir. Quels objectifs vous a-t-on fixés ? Le challenge n'est pas facile. Surtout en ce moment car l'équipe traverse une période difficile. Elle est éliminée, ou presque, de la prochaine CAN. Ça veut dire que les objectifs seront les qualifications pour la CAN 2013 et le Mondial 2014 au Brésil. Il faut surtout se qualifier pour la Coupe du monde et essayer ensuite de faire quelque chose. La qualification pour la CAN 2012, c'est mission impossible selon vous ? C'est presque impossible. Il faudrait tellement de circonstances favorables. Il faudrait qu'une équipe perde, que l'autre fasse match nul... Il y a un millier de combinaisons qu'il faudrait réunir pour réussir cet exploit. Malgré cela, on va tout faire pour gagner nos deux prochains matches (face à la Tanzanie et la République Centrafricaine, ndlr). Ensuite, on verra bien quel sera notre destin. C'est un gros chantier qui vous attend... Quand une équipe traverse un tel moment, qu'il y a autant de mauvais résultats, il y a des problèmes. Il y a vraisemblablement des choses qu'il faut changer et améliorer. Mais, pour cela, je n'ai pas encore toutes les informations nécessaires pour faire une analyse profonde. Je n'ai pas encore ciblé les faiblesses de cette équipe. Surtout après la défaite face au Maroc (0-4, le 4 juin à Marrakech) qui a été très mal vécue par l'Algérie. Ça a provoqué un choc presque national. Il va falloir regarder beaucoup de choses sur le terrain comme en dehors pour avoir une synthèse nécessaire pour travailler. Il faudra discuter et avoir le recul nécessaire pour améliorer les choses. L'Algérie n'a pas l'habitude de confier les rênes de son équipe nationale à un sélectionneur étranger. Est-ce une pression supplémentaire ? La pression existe partout. Il y en avait avec la Côte d'Ivoire. Il y en avait aussi à Zagreb. Il y en avait partout où je suis passé. Quand vous voulez obtenir des résultats au haut niveau, c'est comme ça. La pression, ça ne me fait pas peur. Au contraire, ça me motive. Ça me donne encore plus de volonté de réussir. Jouer dans un club ou une sélection où il n'y a pas de pression, d'envie, d'ambition, ça n'est pas bon. Quand allez-vous prendre officiellement vos fonctions ? J'aimerais être là-bas le 1er juillet. Je voudrais rencontrer le staff technique, médical et logistique pour voir l'organisation. Le premier rassemblement a lieu le 10 août. Ils ont prévu un match amical à cette date (contre la Tunisie, ndlr). Mais, pour moi, ce sera surtout un rassemblement. Dans la situation de l'équipe, qui doit être mentalement au plus bas, un match amical ne servirait pas à grand chose. Je préfère discuter et voir les choses qui vont ou qui ne vont pas. Ils doivent savoir des choses qui serviront à analyser la situation et se préparer ensuite pour les matches qu'il nous reste dans les qualifications pour la CAN 2012. Même si nos chances sont minimes. Vous ne disputerez donc pas ce match amical ? Vraisemblablement, non. Concernant votre staff, a-t-il déjà été défini ? Ça n'est pas encore déterminé mais il y aura bien sûr des membres du staff algériens. Le président m'a demandé de prendre des anciens internationaux. Et il y a beaucoup de monde ! (Rires) Mais c'est normal que les anciens joueurs puissent donner un coup de main. Pour le reste, je n'ai pas encore décidé. Bruno Baronchelli travaille habituellement avec moi mais il est au FC Nantes. Ça veut dire que je ne peux pas compter sur lui. On a notamment parlé d'anciens collaborateurs, comme Cyril Moine que vous avez connu au PSG... Il pourrait venir comme préparateur physique, oui. Avant de rejoindre la sélection algérienne, aviez-vous eu des propositions pour retrouver un banc en club ? Ah oui ! Même beaucoup. J'ai eu des contacts en France et à l'étranger. Je ne peux pas dire lesquels. Il y avait plusieurs clubs français mais ça ne s'est pas fait pour différentes raisons. J'espérais trouver un club qui avait l'ambition de jouer la Coupe d'Europe mais je n'ai pas eu cette possibilité. J'avais cette possibilité à l'étranger mais pas en France. C'est comme ça. A un moment donné, j'ai même pensé prendre du recul et me reposer. Il faut se reposer de temps en temps et attendre le bon moment. Mais les dirigeants avaient tellement envie que l'on travaille ensemble. Il faut respecter ça.