Des syndicats autonomes de l'éducation sont loin de cautionner le taux de réussite de 70% aux épreuves du Brevet de l'enseignement moyen (BEM) de cette année, annoncé jeudi par le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, à partir de la tribune du Parlement (APN). Ce taux annoncé avant l'affichage des résultats, attendu à partir d'aujourd'hui, est qualifié par le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) de «véritable coup dur asséné à la qualité de l'enseignement». «Même si on est content de la réussite de nos élèves, il n'empêche qu'un tel taux de réussite nous met dans la gêne», nous a indiqué Achour Idir, porte-parole de ce syndicat qui s'est dit «embarrassé par le niveau des sujets d'examen». Par ailleurs, il s'inquiète de l'insuffisance des infrastructures devant accueillir les nouveaux lauréats. En d'autres termes, le porte-parole du CLA s'attend à une charge encore plus accentuée des classes de 1re année secondaire à la prochaine rentrée. «Il n'est pas exclu qu'à la prochaine rentrée, on aura des classes de 1re AS où s'entasseront plus de cinquante élèves», a-t-il averti, citant l'absence «de tout plan de recrutement des enseignants à même de permettre un meilleur encadrement de ce flux d'élèves dans les lycées». De son côté, Salem Sadali, porte-parole du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation fera savoir que ce taux est «préfabriqué» et ne reflète en aucun cas «la qualité» de l'enseignement prodigué aux élèves. Pour lui, ce taux est loin d'être un «baromètre» de la qualité mais plutôt une manière de «masquer la faillite du système scolaire». Comme le porte-parole du CLA, Salem Sadali déplore lui aussi l'absence d'un plan de gestion des effectifs de nouveaux lycéens attendus dès la prochaine rentrée des classes. Pour sa part, Nouar Larbi, secrétaire général du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) estime que les taux de réussite des examens posent «un sérieux problème de crédibilité». En dépit de ces critiques acerbes formulées par des syndicats, Benbouzid a qualifié ce taux d'«excellent non seulement sur le plan quantité mais également en termes de qualité». Il a fait savoir que les lauréats ayant décroché leur BEM avec mention «excellent» sont au nombre de 2494 contre 1200 l'année dernière, alors que ceux ayant obtenu la mention «très bien» sont estimés à 24 699 (12 000 en 2010).