«Cette méthode qui consiste en la révision des lois de la République n'est plus en mesure d'apporter le changement», a déclaré hier Karim Tabbou, premier secrétaire national du Front des forces socialistes depuis la commune de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou), où il a animé un meeting populaire à la salle de cinéma Hoggar. Le n° 2 du FFS n'est pas allé par trente-six chemins pour dénoncer d'emblée tous ceux qui ont participé à «la grande harouala (agitation)», allusion faite aux séries de consultations politiques sur les réformes dirigées par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Selon lui, «la révision des lois, entre autres celles de la commune, de la wilaya, de l'information et celle de la loi électorale ne sert à rien», avant de s'interroger sur l'utilité même de ces révisions. «Les premiers à ne pas respecter ces lois sont eux-mêmes leurs concepteurs», dira-t-il en substance. Pour cela, le FFS, explique l'orateur, est «pour la création de conditions de confiance entre le citoyen et le pouvoir», et le grand défi est celui de convaincre le peuple qu'il s'agit bel et bien de quelque chose de sérieux». Cependant, «le pouvoir continue son entreprise d'essayer de gagner plus de temps en se servant de faux partis politiques et d'une fausse société civile». Continuant dans son exposé, Tabbou estime qu'aujourd'hui tous les citoyens sont conscients des vrais changements qui se passent dans les pays arabes, tout en étant «méfiants de ce cirque». Malheureusement, «le changement ne se capte pas par la parabole, mais se fait par les uns et les autres». Sur le même sujet, l'invité de la section FFS de DBK fait remarquer qu'à l'heure actuelle, la géographie bouge, les frontières et la démocratie aussi. Mais «il n'y a que le pouvoir algérien qui ne veut pas bouger», selon lui, accusant ce dernier de «faire semblant de faire bouger les choses pour que tout reste en place !» Il conclut à cet effet qu'à chaque fois que «le pouvoir veut régler un problème, il crée une commission, mais sans pour autant arriver à trouver des solutions». «La commission d'enquête sur l'assassinat du président Mohamed Boudiaf n'a finalement abouti qu'à la conclusion qu'il a été tué par balle ! Et le rapport de la commission d'enquête sur les élections législatives de 97, raflées par un parti nouvellement né, a disparu du parlement», rappelle encore Tabbou. Revenant sur la révision des lois, le premier secrétaire du plus vieux parti d'opposition estimera que pour la loi électorale, «le pouvoir veut créer un jeu politique d'ici les prochaines échéances en détenant en otages les dossiers de demandes d'agrément des partis politiques pour les exploiter à modifier les rapports de force sur la scène nationale, mais aussi à l'intérieur même des partis». Concernant la levée de l'état d'urgence, «il y a lieu de revenir à la vie normale en commençant par la dissolution des institutions créées durant la période de son instauration», suggère Karim Tabbou. Le FFS peut être fier de ses positions, dira-t-il, avant de rappeler qu'à la veille de la marche du 12 février dernier, à l'appel de la CNCD, «on nous a accusés de ne pas soutenir l'initiative adoptée par la société civile», mais, ajoute Tabbou, «le lendemain, le peuple a prouvé que nous avons eu raison». «Ce n'est plus aux partis de convoquer le peuple, mais à ce dernier de faire appel aux partis politiques, et le FFS a choisi d'être à l'écoute du citoyen, un chemin qui, même s'il est difficile, reste l'unique sortie vers un véritable changement démocratique», a tranché Karim Tabou. Enfin, n'épargnant pas les positions de certains partis politiques, il se demandera : «Comment peut-on appeler le président de la république à dissoudre le parlement, tout en campant sur ses sièges ?» allusion faite à Louiza Hanoune du PT. Profitant de son passage dans la daïra de DBK, le premier secrétaire du FFS n'a pas manqué de faire le point sur la radiation de trois P/APC des communes de Draâ Ben Khedda, Tirmitine et Tadmaït. Il dira que «ces trois responsables ont participé à une rencontre à l'appel de Bouteflika, boycottée par le bureau national».