Le régime de Tripoli a rejeté le mandat d'arrêt lancé lundi par la Cour pénale internationale (CPI) contre Kadhafi et le qualifie de «couverture» de l'Otan pour atteindre le guide libyen. La décision de la CPI est une «couverture pour l'Otan qui a essayé et tente encore d'assassiner Kadhafi», a déclaré le nouveau ministre de la Justice, Mohamed Al Gamoudi, en rappelant que son pays n'était pas signataire du traité de Rome instituant la CPI et «n'accepte pas la juridiction de la cour», a-t-il ajouté. Kadhafi, son fils Seif Al Islam et son bras droit Abdallah Al Senoussi, sont accusés d'être responsables de meurtres et de persécutions commis par les forces de sécurité libyennes sur la population civile depuis l'éclatement de la révolte mi-février, notamment à Tripoli, Benghazi et Misrata. Le président Zuma «désappointé» De son côté, le président sud-africain, Jacob Zuma, s'est dit «désappointé» par ce mandat. «Le président Zuma est extrêmement désappointé et préoccupé par le mandat d'arrêt lancé par la CPI contre le colonel Kadhafi», a déclaré le porte-parole Zizi Kodwa à la radio publique sud-africaine. «Il est vraiment malheureux que la CPI puisse prendre un telle décision alors que l'Union africaine, à travers ses commissions ad hoc, a tant fait», a-t-il ajouté. «Je pense que le progrès réalisé montre qu'il y a maintenant un engagement à la fois du côté de l'autorité libyenne et du Conseil national de transition (CNT), et par conséquent, ce dernier développement va vraiment saper le travail des comités ad hoc», a-t-il noté. La décision de la CPI intervient au lendemain d'une réunion des médiateurs de l'Union africaine sur la Libye hier à Pretoria. Les médiateurs ont annoncé, dans un communiqué publié à l'issue de cette réunion, «la décision du colonel Kadhafi de ne pas faire partie du processus de négociations» sur l'issue du conflit, y voyant une concession de la part du dirigeant libyen. Moscou espère un impact minime sur le règlement Pour sa part, la Russie espère que le mandat d'arrêt n'entravera pas le règlement de la crise libyenne, a annoncé mardi à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Je ne suis pas en mesure d'estimer l'influence éventuelle de cette décision de la CPI sur l'ensemble des efforts visant à obtenir le règlement du conflit libyen. J'espère toutefois que cette mesure n'aura pas d'impact négatif», a indiqué le chef de la diplomatie russe lors d'une conférence de presse au terme des pourparlers avec son homologue mexicain. Selon M. Lavrov, Moscou compte sur un examen impartial et juste de l'affaire Kadhafi par la Cour pénale internationale. Les rebelles s'emparent d'un dépôt de munitions à Zenten Les rebelles libyens se sont emparés hier en fin de matinée d'un important dépôt de munitions dans une zone désertique, à 25 km au sud de Zenten (120 km au sud de Tripoli), selon des correspondants de presse sur place. Arrivés par le nord, avec des blindés, ils s'étaient déployés autour de ce site de plusieurs bâtiments abritant des stocks d'armes alors que les pro-Kadhafi ont essayé d'envoyer des renforts par le sud. Des échanges de tirs à la mitrailleuse lourde ont eu lieu et les forces loyalistes ripostaient avec des tirs de roquettes Grad. Selon les rebelles, une colonne de véhicules des pro-Kadhafi a été prise en embuscade et trois de leurs engins ont été détruits. Il s'agit d'un enjeu important pour les rebelles qui ont besoin d'armes et de munitions pour poursuivre leur avancée vers Tripoli, d'où ils ne se trouvent qu'à une cinquantaine de kilomètres au sud. Ce stock d'armes a été bombardé à plusieurs reprises depuis deux mois par les avions de l'Otan. La révolte en Libye a fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI. Elle a en outre entraîné la fuite à l'étranger de près de 650 000 Libyens et le déplacement à l'intérieur du pays de 243 000 autres, selon l'ONU.