Les avocats algériens ont tenu hier un sit-in devant le siège de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour exprimer leur désapprobation par rapport à la nouvelle loi concoctée par le gouvernement et qui se trouve au niveau de la commission juridique de l'APN pour étude. Les robes noires ont organisé une marche à partir du tribunal Abane Ramdane d'Alger jusqu'au siège de l'APN, et ce, malgré la présence en force de la police qui a tenté d'empêcher leur action. Ils étaient quelque 300 avocats à se réunir en début d'après-midi devant le tribunal Abane Ramdane, avant que les initiateurs ne donnent le coup d'envoi de la marche. Les policiers qui étaient nombreux tout au long du trajet d'environ 500 mètres ont tenté d'empêcher cette marche. Mais la détermination des avocats a été plus forte, ce qui a amené les policiers à changer de stratégie en les encadrant. Au niveau du siège de l'APN, les avocats ont improvisé un sit-in devant la chambre basse du Parlement pour crier leur refus de la loi qui, selon Me Bourayou, l'un des initiateurs de cette manifestation, «est une exclusion pure et simple de la défense dans l'appareil judiciaire. Nous exprimons notre refus et notre désapprobation par rapport à cette loi qui muselle la défense». Me Bourayou n'est pas allé par trente-six chemins pour fustiger ce texte qui porte atteinte à la corporation, mais surtout à la défense de manière générale. «L'Etat veut bâillonner le droit de la défense. Les pouvoirs publics veulent une justice qui veille au maintien de l'ordre, c'est-à-dire une justice facile à instrumentaliser.» Un collègue de Me Bourayou renchérit : «Les pouvoirs publics veulent faire de nous des suppléants de l'Etat, or nous sommes le contrepoids de tout cet appareil et nous n'allons pas reculer après avoir acquis, par le sang, des droits connus et reconnus mondialement.» De son côté, Me Mustapha Bouchachi a souligné que «cette loi ne passera pas et nous allons continuer notre combat dans ce sens. Ceux qu'ils veulent faire des avocats et de la défense des adjoints de l'appareil dans le sens dépréciatif du terme se trompent de cible». Et d'ajouter : «Il ne peut y avoir de justice forte sans une défense forte. De même pour l'Etat de droit, car la défense est le pilier d'un Etat de droit. Sans cela, notre justice restera un outil entre les mains des autres pouvoirs, notamment l'exécutif.» La marche qui se voulait pacifique a néanmoins enregistré un blessé léger dans les rangs des robes noires. Les avocats qui ne comptent pas s'arrêter là, prévoient d'organiser d'autres actions.