Samedi soir, après avoir été soumis lors d'une conférence de presse aux questions des journalistes, Vahid Halilhodzic aurait fait part à des responsables de la FAF de l'énorme mission qui lui incombe et des difficultés de celle-ci. «Ça va être dur, ça va être terrible car je constate qu'il n'y a presque rien comme joueurs performants. En plus de cela, vous disposez d'une presse extrêmement exigeante», aurait-il déclaré à ses interlocuteurs. Le nouvel entraîneur de l'équipe nationale sait désormais ce qui lui est promis comme moments stressants et pleins de pression. Il faut remarquer qu'il a plus ou moins parlé de la difficulté de sa tâche lors de sa conférence de presse. Une tâche qui l'obligera à tirer du fond d'un gouffre une sélection qui ne sait plus conjuguer le verbe gagner depuis longtemps. Une sélection qui ne sait, également, pas ce que l'efficacité offensive veut dire. Halilhodzic a indiqué aux journalistes que cette équipe nationale dispose d'un attaquant qui y joue depuis huit ans et qui n'a inscrit que cinq buts durant toute cette période. Il a aussi parlé de deux autres attaquants auteurs de trois buts pour le premier et de deux buts pour le second. On croit savoir qu'il a visé Karim Ziani lorsqu'il a fait référence au joueur international depuis huit ans alors que les deux autres sélectionnés pourraient être Djebbour et Ghezzal. «Une équipe qui ne marque pas de buts ou très peu a plus de chance de perdre que de gagner un match», a déclaré le Bosnien. Le lendemain, c'est-à-dire dimanche, ce fut au tour de Mohamed Raouraoua, le président de la FAF, de dire ses vérités au cours de l'assemblée générale extraordinaire de cette instance. «Quand cette équipe nationale gagnait et se qualifiait pour la Coupe du monde et pour la CAN, c'était la fête, a-t-il dit. Tout le monde nous soutenait et nous glorifiait. Aujourd'hui que cette équipe ne gagne plus, on tire les couteaux et les haches. Je demande à celui qui se sent capable de prendre le relais et de qualifier cette sélection à la CAN 2013 et à la Coupe du monde 2014, de se faire connaître. Je lui cèderai volontiers ma place. Je lis et entend un peu partout que cette équipe peut mieux faire car il y a des joueurs de valeur. Je voudrais bien qu'on me cite ces joueurs. La réalité est que nous n'avons pas à un niveau local des éléments qui puissent tirer cette équipe vers le haut. Nous sommes alors obligés de nous tourner vers l'extérieur et puiser dans ce que notre émigration peut nous offrir. Mais même ces joueurs ne sont pas d'un niveau très élevé. Dans ce cas, l'équipe qui en ressort ne peut être que modeste. Malgré cela nous avons réussi à la motiver suffisamment pour qu'elle se qualifie à une CAN et à un Mondial. Cela ne veut pas dire que c'est une très grande équipe.» Tout le monde en parle Le fait est qu'il n'y pas que Raouraoua et Halihodzic à faire un tel constat. Avant eux les Leekens, Waseige, Cavalli, Saâdane tous des entraîneurs de l'équipe d'Algérie avait parlé de cette façon et mis l'accent sur la faiblesse de notre championnat et le niveau moyen des joueurs expatriés. On citera, également, l'exemple d'un Nouzaret, entraîneur du Mouloudia d'Alger qui avait arrêté un match d'application de son équipe au bout de dix minutes parce tous ses joueurs n'avaient rien compris aux dispositions tactiques qu'il cherchait à leur faire appliquer. On citera l'exemple d'un Benzekri obligé de faire des cours de placement sur le terrain aux joueurs seniors du MCA parce que selon lui il n'avait jamais appris cela en école de football. On citera l'exemple du joueur de l'ESS et de l'équipe nationale, Hocine Metref, qui nous avouait que ce qu'il avait appris en un an dans le club français de Dijon il ne l'avait pas appris en dix ans en Algérie. Pour tout dire, il nous est arrivé de discuter avec des dizaines de techniciens. Tous nous ont avoué en aparté que chez nous les joueurs accusent trop de retard dans leur formation mais aucun de ces techniciens n'ose en parler ouvertement lorsqu'il se retrouve sur le plateau de la télévision ou devant le micro d'une radio. Il existe une sorte d'omerta sur le sujet, comme s'il était interdit de dire que nos joueurs sont faibles. Ces coaches agissent de la sorte parce qu'ils savent qu'ils risquent de se mettre à dos les présidents de club qui n'aiment pas qu'on dise d'eux qu'ils font du n'importe quoi en matière de formation. Après cela, il en est toujours à claironner que nos Verts vont casser la baraque et à donner de faux espoirs aux gens. Jusqu'au jour de la désillusion. Le refrain est trop connu.