Les médecins résidents, à l'échelle nationale, poursuivront la grève jusqu'à l'obtention des revendications de manière indissociable, c'est-à-dire qu'ils exigent la promulgation du statut, la signature du P. -V. de la conférence nationale des doyens, le droit syndical, l'installation d'un dialogue de fond sur le remplacement du service civil et la levée de toutes les sanctions judiciaires, pédagogiques et administratives. Après une semaine de vote national concernant les conditions de gel de la grève (le minimum des revendications) et le sondage national concernant le risque de l'année blanche, 69,8% se disent prêts à prendre le risque d'une année blanche contre 30,2% qui avaient répondu non. Le taux de participation au vote est de 72,3% soit 4017 résidents. Le taux de suivi de la grève est de 92,26% (5126 résidents). Les non grévistes sont de l'ordre de 7,74% (430 résidents). Les facultés qui ont voté sont d'Alger, Batna, Blida, Constantine, Tizi Ouzou et Tlemcen. La grève est maintenue avec l'appui d'une majorité qui insiste sur l'intégralité de la plate-forme qui revendique, outre le nouveau statut, l'annulation de l'arrêté 709 de décembre 2010 rendant l'examen intercalaire sanctionnant le droit syndical et l'abrogation des lois et décrets relatifs au service civil obligatoire des médecins spécialistes et du service militaire. Quant à l'année blanche, les textes sont clairs : il faut un volume horaire pour passer des examens qui sont censés être faits en juin pour ce qui est de la première session. Si un résident rate plus de trois conférences, il est déclaré ajourné et au vu de 3 mois de grève, tous les résidents grévistes sont déclarés ajournés selon les précisons de l'administration, seule habilitée à déclarer l'année blanche ou pas. Quant aux résidents, ils estiment que «le pouvoir est en manque d'innovation en matière de résolution de nos problèmes. Il lui manque la sanction finale pour vous faire regretter la non prise en considération de son dernier décret aussi médiocre que la solution préconisée». Ils ajoutent que «le spectre de l'année blanche est en vue et ils pensent que ça sera l'arme fatale pour nous sanctionner. Il ne faut pas leur laisser ce plaisir ou cet outil de décision entre leurs mains au lieu qu'il soit entre les nôtres». Action judiciaire contre les ponctions sur salaire La directive du ministère de la santé adressée à tous les directeurs de CHU a bel et bien été appliquée. Le collectif des résidents a adressé un courrier aux directions concernées où il note : «Suite aux ponctions d'indemnités de soins et d'arrêt de soldes faites par plusieurs directions de façon non uniforme et illégale, et après consultation juridique, le collectif a relevé les différentes anomalies de forme et de fond, soulignant l'illégalité de ces sanctions.» Le collectif attend les réponses de ces directions qui doivent être données dans un délai de 15 à 20 jours. «Passé ce délai, nos avocats rédigeront un dossier juridique qu'ils remettront aux administrations concernées», écrivent-ils au nom des résidents. En cas de non réponse, le collectif entamera une action judiciaire à l'encontre de ces derniers pour répondre aux sanctions abusives et illégales. Les autorisations de congé non signées Selon des sources hospitalières, les différents chefs de service et gestionnaires auraient refusé de signer les autorisations de congé des résidents pour les obliger à travailler durant l'été en cas de reprise. Certains chefs de service se sont passés carrément des résidents dans certains services clefs à l'instar de la gynécologie et des urgences chirurgicales au CHU de Constantine qui fonctionnent depuis le début de la grève avec les étudiants internes et les spécialistes de santé publique. Mobilisation sur Facebook Il est à noter que les résidents poursuivent depuis 102 jours une grève qui risque de durer encore. Ce débrayage qui tourne au bras de fer oppose depuis le 28 mars 2011 les résidents au ministère de la Santé. Selon eux, «la goutte qui a fait déborder le vase était l'idée du ministère de tutelle de consacrer le service civil, plutôt une mesure transitoire, en le rendant obligatoire». La mobilisation a commencé à travers Facebook avant de tenir sa première réunion à l'hôpital de Birtraria (El Biar) en janvier 2011. Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a utilisé le lien social depuis le début et compte bien en profiter ! Les résidents qui mènent la grève depuis plus de trois mois racontent leur quotidien sur leur page Facebook du même nom, les déboires d'un combat face au système de santé publique. Leur page, considérée comme un véritable champ de dialogue, permet d'accéder aux témoignages, lettres de malades, de médecins et de ceux qui vivent au sein du système de santé au quotidien.