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«La décision de délocalisation de la gare routière est irrévocable» Kamel Rezig, directeur des transports de la wilaya de Tizi Ouzou, au Temps d'Algérie :
Le secteur des transports de la wilaya de Tizi Ouzou connaît depuis trois semaines un mouvement de protestation sans précédent. La délocalisation de l'ancienne gare routière vers Kaf Naâdja n'est pas du goût des opérateurs privés. Ils refusent catégoriquementde rejoindre cette gare sous motif de l'inadéquation de l'endroit, en dénonçant la décision de délocalisation unilatérale prise par la direction des transports. Le premier responsable, de son côté, ne veut rien entendre. Il persiste et signe que la délocalisation de la gare routière est irrévocable. Il a accepté volontairement de nous apporter des précisions dans cet entretien. Le Temps d'Algérie :Depuis trois semaines, le secteur des transports, dont vous êtes le premier responsable au niveau de la wilaya, est au centre d'un véritable bras de fer. Comment analysez-vous cette situation et que préconisez-vous pour mettre un terme à cette situation, notamment la grève des transporteurs assurant la liaison Alger-Tizi Ouzou ? Kamel Rezig : Je veux juste préciser que ce n'est pas un bras de fer. C'est plutôt une résistance aux changements opérés, sauf que ça a un peu trop duré. Tout changement dérange et bouscule les habitudes et ces réactions sont tout à fait naturelles. Nous essayons de gérer tout cela avec sagesse. La preuve, nous sommes en contact permanent avec les représentants des transporteurs et sommes à l'écoute de leurs problèmes, car ces problèmes sont les nôtres aussi. Il y a lieu de souligner que la délocalisation de la gare routière de la ville de Tizi Ouzou vers Kaf Naâdja s'inscrit dans le cadre d'un nouveau plan d'action pour la décongestion de la ville de Tizi Ouzou.
L'appel au dialogue que vous avez lancé à l'endroit des transporteurs n'a eu aucun écho. Bien au contraire, après avoir organisé des actions de protestation, ces derniers considèrent la décision de la délocalisation de la gare vers un autre endroit d'irréfléchie et d'unilatérale et réitèrent leur volonté de poursuivre leur mouvement. Quelle est votre appréciation ? Je précise que nous n'avons rien contre les opérateurs. Je répète que cette décision s'inscrit dans le cadre d'un nouveau plan d'action. Ce plan ne date pas d'aujourd'hui. Il a été établi par l'administration locale en étroite collaboration avec les autres secteurs concernés, comme l'environnement par exemple. Ce plan a été présenté et approuvé par les représentants de la société civile, d'une part, et d'autres part, par les représentants des transporteurs. En effet, ce plan d'action dont il est question a été présenté une fois à l'APW lors d'une session ordinaire et aussi deux fois lors de journées thématiques organisées par l'APW sur le secteur des transports. C'était le 9 mai et le 11 juin derniers plus exactement. Il a aussi été présenté en 2009 lors de la présentation des bilans de secteurs de l'année 2009 et la présentation du plan d'action de l'année 2010 à l'APW. Ce plan n'a jamais fait objet de rejet jusqu'à preuve du contraire ni d'annulation, y compris de la part de l'Association des transporteurs de voyageurs de Kabylie (ATVK), et l'Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA).
Il est admis que les premières victimes de cette situation sont les voyageurs qui, eux aussi, parlent d'anarchie, de surcoût des tarifs des transports, de l'inadéquation des stations intermédiaires, etc. Que fait la direction pour apaiser les voyageurs ? Une décision sera-t-elle prise dans ce sens ? La période que nous avons choisie pour la mise en œuvre de ce nouveau dispositif n'est guère fortuite. En effet, on ne peut pas se permettre de le mettre en œuvre pendant les autres périodes de l'année. Cela engendrera d'énormes préjudices et des perturbations pour les voyageurs et les étudiants d'une part. De l'autre, en cette période, nous enregistrons moins de mobilité, ce qui nous a permis de perfectionner ce dispositif au fur et à mesure et de constater que nous enregistrons quotidiennement des améliorations. Ainsi, le dispositif sera huilé lors de la rentrée prochaine. S'agissant des changements d'habitudes et de repères pour les usagers, cette période permettra d'inculquer de nouveaux comportements aux usagers. Les voyageurs à destination de la capitale et d'autres régions sont désemparés. Des solutions sont-elles proposées dans le sens de régler ce problème dans l'immédiat, surtout lorsqu'on sait que des taxieurs et des clandestins en profitent pour détrousser les voyageurs en leur faisant payer jusqu'à 1000 DA pour rallier la capitale ? Pour ce cas précis, nous avons pris des mesures à même de permettre aux usagers le déplacement vers Alger. Le train assure trois nouvelles dessertes vers la ville de Thénia qui est reliée à la capitale par le train à son tour, et ce, à 8h, à 12h et à 15h, en plus du départ habituel jusqu'à Alger de 5h25. Nous avons pris aussi des mesures concernant les taxieurs. Nous veillons à ce que les prix réglementaires soient appliqués par ces derniers. Un inspecteur a été placé à la gare routière au niveau des départs pour vérifier auprès des usagers que les prix réglementaires sont appliqués et éviter toute forme de chantage. En ce qui concerne les taxieurs clandestins, nous ne pouvons pas agir. D'abord, parce qu'ils agissent en dehors des gares routières et des arrêts. Cependant, ce phénomène n'est pas vraiment important par rapport à ce que les taxieurs réglementaires transportent. Peut-on comprendre par là que la décision de la délocalisation de la gare routière de la ville de Tizi Ouzou est irrévocable ? La décision est irréversible. Nous acceptons de discuter sur tout sauf sur ce principe de la délocalisation. Je profite de cette occasion pour faire un appel à la sagesse à l'ensemble des transporteurs de la wilaya de Tizi Ouzou. Tout ce que nous sommes en train de faire est dans l'intérêt du citoyen. L'administration est également service public, opérateurs et transporteurs sont également service public. Donc agissons ensemble pour le bien-être et le confort du citoyen. Pourquoi d'après vous les opérateurs ont peur de la concurrence du train ? Je dois répondre de la manière suivante : le train est un complément au mode de transport routier. Il n'a jamais été question de sacrifier le mode de transport routier au profit du train. Pour Tizi Ouzou, les chiffres prouvent que le taux de voyageurs transportés par le train est insignifiant, et représente moins de 3% des usagers vers Alger, les 97% restants sont transportés par route. Le train ne transporte que 200 voyageurs par jour alors que 8000 sont transportés en 8 heures seulement par le mode routier. La ville est comme une famille. Plus elle grandit, plus elle a besoin de grands espaces. Pour l'histoire, la gare ferroviaire était avant 1973 au niveau de l'APC, l'actuelle gare routière, ex-SNTV, en plein centre-ville de Tizi Ouzou.