Le mouvement de débrayage des transporteurs de bus qui exerçaient à l'actuelle gare routière de la ville de Tizi Ouzou, délocalisés par décision de l'administration locale depuis le 24 juin dernier vers la gare dite «multimodale» de Kaf Naâdja dure depuis un mois, alors qu'aucune solution ne se profile à l'horizon. Les transporteurs déterminés plus que jamais à aller de l'avant dans leur mouvement, en vue d'annuler purement et simplement la décision de leur délocalisation vers la gare de Bouhinoun qui, selon eux, n'est pas conçue pour servir le transport routier mais uniquement ferroviaire, ont organisé jeudi dernier une autre «marche escargot», la deuxième du genre en l'espace de 15 jours. L'action à laquelle ont pris part plus de 200 bus (près de 400 selon les transporteurs) a suivi, comme annoncé dans notre précédente édition, l'itinéraire Oued Aïssi- Tadmaït. Aux environs de 7h30, les bus commençaient à avancer à faible allure depuis Oued Aïssi, 10 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou, passant par Oued Fali, avant de se diriger ver Tadmaït, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la ville des Genêts. La marche escargot n'est cependant pas passée sans créer des perturbations au trafic routier sur la RN 12. A Draâ Ben Khedda, les transporteurs desservant la commune de Tadmaït ont été tout simplement contraints d'arrêter temporairement le service au moment du passage de «l'escargot» sur leur itinéraire (la RN 12). Au retour de Tadmaït, la marche s'est constituée en une seule longue file. «Nous avons procédé de la sorte pour ne pas pénaliser davantage les usagers de la route à qui nous réitérons d'ailleurs nos excuses», nous dira un représentant du collectif des transporteurs de Tizi Ouzou avant d'enchaîner : «L'opération a été une totale réussite tant sur le plan organisation que mobilisation (...) À travers cette énième action, nous réitérons notre détermination à aller de l'avant pour la satisfaction de nos revendications légitimes, à savoir l'annulation de la décision de délocalisation, l'ouverture de l'actuelle gare de la ville jusqu'à la réalisation d'une gare routière de type A digne du secteur», conclut le même interlocuteur. Au carrefour de Boukhalfa, entrée ouest de la ville de Tizi Ouzou, l'opération s'est poursuivie jusqu'à la déviation de Oued Fali, sous l'œil vigilant des services de police. Ces derniers auraient eu peut-être peur que les transporteurs ne pénètrent dans la ville. L'action a pris fin aux environs de 13 h dans un calme total. «Jusqu'à quand le mutisme de Amar Tou ?» Plusieurs transporteurs nous ont exprimé leur étonnement quant au «mutisme» affiché jusqu'à présent par le ministère de tutelle. «Ce n'est pas normal qu'un conflit dure un mois sans l'intervention du premier responsable du secteur», déclare un chauffeur de bus. Un autre affirmera : «Il y a certes un responsable local, cependant, si ce dernier s'avère incapable de gérer une telle situation, il est indispensable que le ministre des Transports intervienne pour mettre fin à la crise qui n'a que trop duré, et pour nous et pour les citoyens, car nous aussi, nous voulons reprendre du service afin de pouvoir subvenir aux besoins de nos familles». Confronté à plusieurs reprises à la presse nationale dans ses différentes sorties, le ministre des transports Amar Tou n'a pas jugé utile de s'exprimer sur un débrayage qui s'apprête à enterrer son premier mois. Bien que la grève frappant actuellement la compagnie de navigation aérienne Air Algérie constitue «le problème à résoudre dans les plus brefs délais», pour le département de Tou, il n'en demeure pas moins que le débrayage des transporteurs de Tizi Ouzou reste «une crise» au sens propre du terme. Ainsi, c'est un appel que les ex-locataires de la gare routière de la ville lancent en direction du ministre, «ultime recours», selon eux, pour que ce «feuilleton» puisse enfin trouver son épilogue. Vers la reconduction du débrayage des wilayas du centre Bien que toutes les actions pacifiques de rue et la série de réunions tenues avec les responsables locaux de la wilaya de Tizi Ouzou ne soient porteuses d'aucune solution, il n'est pas exclu que les transporteurs protestataires aient recours au soutien de leurs collègues d'autres wilayas du pays afin de pousser les pouvoirs publics à revoir leurs calculs. «Le débrayage des wilayas du centre sera reconduit probablement au courant de cette semaine», nous a confirmé un membre du collectif des transporteurs. «L'Union nationale des transporteurs ayant décidé de sursoir à l'action du 19 juillet dernier est favorable à sa reconduction à défaut d'une réaction positive de l'administration. Il ne reste qu'à fixer une date pour l'organisation de l'action de soutien à laquelle d'autres wilayas pourront adhérer», ajoute-t-il. L'invitation des hautes autorités de la wilaya au dialogue qui a, auparavant, poussé l'Unta (union nationales des transporteurs algériens) à surseoir au débrayage, n'a rien apporté. Ce qui appuie fortement la proposition de revenir à la charge avec la même action.