La polémique sur une aide ou tout au moins la complaisance de l'Algérie à l'égard du régime de Kadhafi n'a pas cessé. Elle est, régulièrement, relancée par des chefs du Conseil national transitoire (CNT) libyen, sur certaines chaînes de télévision satellitaires. L'un d'eux a eu le mérite d'être plus explicite en relevant que «si l'Algérie reconnaît le CNT, les soupçons disparaîtront». Une manière de tenter d'imposer une sorte de «chantage» consistant à accepter de reconnaître le CNT ou se voir ciblé par toutes sortes d'accusations comme outil de «pressions». Cette déclaration a été faite, rappelle-t-on, peu de temps après le rejet, par la Ligue arabe, d'une plainte déposée par le CNT libyen, proclamé unique représentant du peuple libyen», accusant, contre toute logique, l'Algérie d'avoir aidé le régime de Mouammar El Kadhafi militairement. La plainte, qui évoquait des «avions militaires et civils algériens transportant des mercenaires et des matériels militaires pour le gouvernement libyen» n'a, est-il utile de rappeler, été accompagnée d'aucune preuve matérielle ou concrète, d'où son rejet par la Ligue arabe. Après les avions, maintenant c'est un bateau L'histoire d'avions n'ayant pas marché, une autre, évoquant un bateau, cette fois, est sortie d'on ne sait où. Hier, les Etats-Unis ont annoncé, selon l'agence de presse Reuters, avoir lancé une enquête sur le cas d'un bateau transportant des armes pour les partisans du leader libyen qui aurait été autorisé à amarrer en Algérie. Cette déclaration émane d'un responsable du Département d'Etat, selon l'agence de presse. «Nous avons entendu qu'un bateau transportant des armes pour le régime de Kadhafi avait, récemment, été autorisé à amarrer en Algérie et que ces armes sont actuellement transportées par voie terrestre vers la Libye», aurait même déclaré ce responsable à l'agence Reuters. «L'administration américaine est en train de vérifier ces affirmations, qui viennent juste de nous parvenir. Si elles étaient vraies, cela constituerait une violation des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont de plus demandé aux autorités algériennes si elles sont au courant de cette cargaison et de l'intercepter le cas échéant avant qu'elle ne parvienne en Libye. «Le gouvernement algérien nous a dit à de nombreuses occasions et publiquement qu'il adhérait scrupuleusement à toutes les résolutions concernant le conflit libyen. Nous appelons le gouvernement algérien à continuer d'exécuter rigoureusement ces résolutions et, s'il a connaissance de ce transport d'armes, de s'assurer qu'ils n'atteigne pas les forces du colonel Kadhafi», ajoute le responsable américain, selon l'agence de presse. La mission de l'ONU chargée du comité de sanctions sur la Libye a déclaré qu'elle n'avait reçu aucune notification sur ce transport d'armes. Là, il est utile de rappeler que le Premier ministre algérien avait annoncé que l'Algérie respectait, vigoureusement, les résolutions onusiennes et œuvrait avec la mission de l'ONU chargée du comité de sanctions. Il a invité les membres de la mission à venir s'enquérir de l'application des résolutions au niveau des frontières algéro-libyennes, précisant que les seules commandes faites par le gouvernement libyen ont trait à des médicaments et produits alimentaires qui seraient soumis à la mission. Le démenti formel du MAE L'Algérie a «catégoriquement» démenti hier l'information faisant état du transit d'une cargaison d'armes par le port de Djen Djen (Jijel, est de l'Algérie) en direction de la Libye a, par ailleurs, rapporté l'APS, en réaction à la nouvelle accusation révélée par Reuters. Interrogé par l'APS sur la crédibilité de cette information rapportée par des médias, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a «catégoriquement» démenti ces «allégations», a-t-il été rapporté. «Le ministère des Affaires étrangères dément catégoriquement ces allégations», a déclaré la même source jointe par téléphone, ajoute l'agence de presse. Les accusations contre l'Algérie vont-elles cesser pour autant ? Rien n'est moins sûr quand on sait que les autorités algériennes avaient, à maintes reprises déjà, démenti de telles accusations mensongères sans que la campagne, c'en est une, ne cesse. Les pressions continueront à être exercées tant que le pays n'aura pas mis de côté ses principes tels que celui qui favorise la recherche d'une solution politique et pacifique, du refus de l'ingérence dans les affaires d'un autre pays et refus de l'intervention militaire étrangère dans la région.