Par les magnifiques mosaïques qui y sont exposées, le musée d'Hippone (Annaba) est indubitablement l'un des plus riches d'Algérie. Les mosaïques romaines, pour ne citer que ce précieux pan du patrimoine qu'il renferme, y sont d'un prodigieux intérêt. De tous les documents livrés au cours des fouilles qui avaient commencé au début du siècle dernier, elles sont parmi les plus expressives qui restituent l'ambiance de l'environnement culturel d'Hippone dans ses dimensions plurielles : physique, naturelle, culturelle, artistique… Elles atteignent la perfection dans cet art difficile qui connut son apogée aux IIIe et IVe siècles et ne fut jamais égalé depuis. La beauté de la composition et la finesse d'exécution n'excluent pas la valeur documentaire de la plupart des scènes exposées. En 2005, des travaux de réhabilitation du musée ont été lancés et achevés vers le début de l'année 2006. Les travaux de viabilisation de ce site archéologique, qui s'étale sur 25 hectares, ont nécessité un montant de 20 millions DA et ont touché, entre autres, le Théâtre romain (nettoyage, désherbage, rénovation des pistes), la basilique Saint-Augustin, les villas romaines et la place du forum, lieu de rencontres des intellectuels et resté des années sans conservateur, le musée d'Hippone est resté livré à lui-même pendant des années. Ce qui en a fait une proie facile pour les voleurs. Même les gardiens ne sont pas d'une grande efficacité face aux spécialistes du vol des vestiges et autres. Cet immense patrimoine archéologique qu'est le musée d'Hippone se perd et risque de disparaître. Annaba sans la basilique Saint Augustin ? La ville de Bône est et sera à jamais marquée du sceau humaniste du plus grand docteur de l'église africaine : Saint Augustin. Le 9 octobre 1881, la première pierre de l'édifice est posée et bénie par Monseigneur Combes, évêque de Constantine. Cinq années plus tard, la première messe y est dite. Le 29 mars 1909, la basilique complètement achevée, est consacrée en grande pompe, en présence d'une foule innombrable de prêtres et de fidèles. Par l'inspiration, la matière et l'exécution, cette basilique est un pur produit africain. Avec son style arabo-byzantin, elle s'apparente à celle de Carthage qui en fut l'inspiratrice. Tous les matériaux qui ont servi à la construction ont été tirés du sol algérien. Les marbres, et tout particulièrement ceux du maître-autel et de la chaire ont été extraits de carrières de l'Est constantinois : marbre de Guelma, marbre blanc du Filfila, onyx translucide de Aïn-Smara. Tous sont d'une rare finesse de grain et d'une étonnante richesse de tons et de nuances. Du haut de la terrasse qui précède le porche de la basilique Saint Augustin, le visiteur est payé de sa courte ascension par le panorama qui s'offre à lui. On aperçoit la large baie en courbes molles et suaves comme celle de Naples et l'on ne peut s'empêcher d'évoquer le grand évêque berbère, venant là sur cette colline inspirée, contempler ce paysage agreste enveloppé d'une profonde quiétude et demandant à Dieu «la grâce de demeurer sous ces ombrages de paix, en attendant ceux de son Paradis».