Décidément, les graciés du 5 juillet se montrent encore plus violents. En effet, après l'attaque de jeudi dernier par de jeunes récidivistes contre des marchands ambulants de Bab El Oued dans le but d'accaparer le périmètre, des dizaines d'autres malfrats ont pris d'assaut, durant la nuit d'avant-hier, la cité des 586 Logements, située entre Baraki et Bentalha. Il était minuit lorsque des jeunes drogués, récemment relaxés dans le cadre de la grâce présidentielle, se sont présentés devant cette cité. Ils s'en sont pris aux habitants en utilisant des feux de détresse et des sabres pour tenter de les dévaliser. Durant cette attaque, les résidents de la cité ont tenté à leur tour de défendre leurs familles et leurs biens en se regroupant et en utilisant tous les moyens de défense possibles. Une véritable guerre de banlieue s'est poursuivie durant des heures entre les deux clans en l'absence des services de sécurité. D'ailleurs, cette absence des policiers et des gendarmes a été vivement condamnée par les habitants qui, à cette occasion, avaient déploré l'absence d'un poste de police de proximité, comme c'est le cas dans presque tous les quartiers de la capitale. «C'était horrible, ils nous ont surpris, et ils étaient des dizaines, peut-être plus», explique M. O., un habitant de la cité des 586 Logements, qui ajoute : «Ils ont utilisé, lors de cette attaque, des feux de détresse. Ils ont tiré sur nous, puis ils ont utilisé des sabres afin que nous fuyions. Mais nous étions déterminés à protéger nos familles et nos biens». En effet, selon le témoignage de l'ensemble des résidents de cette nouvelle cité à Baraki, la plupart des assaillants sont des récidivistes qui ont bénéficié d'une relaxe à l'occasion du 5 Juillet. Ils ont profité de cette relaxe pour s'attaquer aux quartiers de la banlieue algéroise afin de signer leur grand retour. Un autre résident de la cité témoigne à son tour de cette nuit de cauchemar : «Ils sont encore jeunes, entre 19 et 35 ans et voulaient nous dicter leur loi. Pis, ils étaient drogués, donc pour nous, c'était un véritable danger. Nous déplorons à cette occasion l'absence totale des services de sécurité. Nous étions obligés de faire face seuls à ces voyous.» En effet, la cité des 586 Logements n'est pas sécurisée, d'autant qu'aucun poste de police de proximité n'existe sur les lieux. Mis à part quelques patrouilles des éléments de la Gendarmerie nationale qui font une tournée de temps à autre, aucune force sécuritaire n'est constatée sur ce lieu populaire. C'est pour cette raison que les toxicomanes étaient confiants lorsqu'ils ont agi de cette manière. Cette deuxième attaque des gangs à Baraki vient trois jours après celle de Bab El Oued. En effet, ce quartier populaire a été le théâtre d'un grand envahissement d'ex-prisonniers qui ont bénéficié également le 5 Juillet dernier d'une grâce présidentielle. Ils s'en sont pris, ce jour-là, à des marchands ambulants de Bab El Oued. Des échauffourées avaient éclaté entre les deux clans, durant lesquelles les récidivistes avaient utilisé des armes blanches contre de jeunes marchands avant que la police n'intervienne et ne procède à leur arrestation. Pour rappel, la cité des 586 logements a été réalisée l'année passée dans le cadre du programme d'un million de logements. Ce quartier populaire comprend des logements sociaux dont les bénéficiaires sont issus de trois lieux précaires : les Ondines à Alger-Plage et les bidonvilles de la Carrière et de Baraki.