C'est l'anarchie à la gare routière de la ville de Tizi Ouzou depuis que cette dernière a été cédée au profit des chauffeurs de taxi extra et intra-muros. La situation n'est plus à décrire. Une véritable jungle où chacun fait sa loi. Pour les taxis inter-wilayas, il est vrai que les prix appliqués auparavant demeurent toujours en vigueur, à l'exemple de la navette Alger-Tizi Ouzou, qui coute 200 DA, cependant, à cause du débrayage des bus, les usagers se sont rabattus dans leur majorité vers ce moyen de transport. De ce fait, pour avoir une place de taxi à destination d'Alger, il est conseillé de se lever très tôt le matin. «La quasi-totalité des taxis partent aux premières heures du matin. A ces heures-là, les usagers affluent en grand nombre, ce qui permet d'effectuer rapidement le chargement et éviter les encombrements de la route», nous dira un chauffeur de taxi. Pour ce qui est des taxis assurant les navettes à l'intérieur de la wilaya, malgré le nombre de client qui a presque triplé, le service est assuré sans perturbation ni spéculation. Les voyageurs des différentes daïras de Tizi Ouzou ne doivent leur salut qu'aux opérateurs privés délocalisés dans les gares intermédiaires situées dans les périphéries de la ville. Pont de Bougie, Béni Douala et Oued Aïssi, qui sont désormais opérationnelles, assurent le transport de la grande majorité des voyageurs. Il ne reste à cet effet que le sud de la wilaya, à l'instar des daïras de Boghni, Draa El Mizan et Tizi Ghennif. Pour ces dernières, les transporteurs clandestins ont trouvé un terrain propice. Des propriétaires de minibus effectuent, en effet, des chargements anarchiques depuis la gare de Draa Ben Khedda, situé à proximité de l'abattoir. L'après-midi, on trouve tous les prétextes Si durant toute la matinée, des taxis collectifs continuaient à assurer le service en toute transparence, il n'en demeure pas de même pour l'après-midi. La responsabilité est partagée. Il faut signaler que certains taxis refusent même de travailler l'après-midi, sous prétexte que la chaleur constitue un obstacle, ou encore «la voiture peut-être endommagée». Des arguments «infondés», selon les voyageurs, qui voient en ce genre de pratique «une fuite de responsabilité à laquelle la loi doit être appliquée». «Les taxis sont tenus d'assurer le service jusqu'au soir, et non pas aux heures qu'ils choisissent», dira un voyageur. De ce fait, les clandestins entrent sur scène, et… bonjour la spéculation ! À midi, la place à Alger coûtait 600 DA, à 14 h elle grimpe à 800 DA, avant d'atteindre les 1 000 DA à 15h 30. Des jeunes crient de partout. «Alger ! Alger !», «Une place pour Alger !», à la recherche de clients prêts à avoir une place à n'importe quel prix. La négociation commence. Les spéculateurs viennent avec toutes sortes de voitures. 4 places, 7 places, et même des minibus de 11 places. Avec tous les risques qu'endurent les voyageurs en s'aventurant dans les clandestins, ils n'osent pas les dénoncer devant différents points de contrôle des services de sécurité. C'est alors que les fraudeurs ont pris depuis maintenant un mois le contrôle de la situation, du moment que personne n'ose les dénoncer. Rien que pour la semaine dernière un accident a eu lieu au niveau de Thénia. Heureusement, aucune victime n'a été enregistrée. «Il n'y a que le chauffeur qui a été blessé au niveau des pieds», nous a confirmé un transporteur. Ils se permettent même le luxe de temporiser dans le chargement. Cela leur permet de faire augmenter le prix de la place. «Une demi-heure de plus, c'est 100 DA de plus», résume un chauffeur de taxi, connaissant la situation. Il est utile de signaler que tout ce cirque se passe au su et au vu de tous. En attendant que le dialogue, entamé entre l'Union nationale des transporteurs et le ministère de tutelle, apporte une solution à cette situation. La seule victime demeure le citoyen.