La ruée vers les marchés, la frénésie et l'ambiance fébrile des villes et des foyers à l'approche du Ramadhan semblent épargner certains chefs de famille et des ménagères pas du tout pris dans cette tourmente qui va durer un mois. Alors que des citoyens s'agitent et se lancent dans de véritables courses poursuites pour acquérir des produits alimentaires, de nouveau ustensiles, refaire la peinture de la cuisine, laver à grande eau la maison, d'autres attendent patiemment, avec une grande foi, l'arrivée du mois «invité». Ni lavage, ni peinture et encore moins l'achat de nouvelle vaisselle, cette catégorie de la société ne se soucie guère de ce «tapage» inutile. Le Ramadhan pour ces gens est la foi en Dieu, sans plus, en ces jours de rahma et de piété. Pour la propreté de la maison, ils nettoyent chaque mois leur demeure et il est inutile de la faire la veille du mois sacré. Ils soutiennent en ce sens que leur toit est propre à longueur d'année. Concernant l'achat de nouvelles assiettes et autres bols de chorba et verres, ces pères et mères de famille ne voient que l'aspect gaspillage et dépenses superflues. Ils s'inscrivent en faux par rapport à cette frange de la société qui dit «très bien accueillir, de la sorte le mois sacré». Ils pensent que le Ramadhan doit être «attendu» avec la spiritualité et non pas avec le matériel. La foi est à la portée de tout un chacun et pas comme les moyens qui permettent à ces «zélés» de faire des dépenses sous prétexte de le faire en direction de Dieu. Ils sont aussi accusés d'être derrière la flambée des prix à l'occasion de chaque Ramadhan. Si ce n'était pas leurs excès d'achats à n'importe quel prix, les spéculateurs ne trouveraient pas acheteurs et seraient obligés de céder leurs marchandises à des prix raisonnables. Sur le chapitre de la gastronomie en ce mois de jeûne, ces gens disent aussi éviter d'acheter des produits très chers, dont des légumes, des fruits et viandes. Sans remettre en cause la consistance de leurs repas, ces personnes mangent bien et modérément. «Mes dîners ne diffèrent pas beaucoup de celui des autres, puisqu'il n'y a que la chorba qui est en plus», nous dit un citoyen outré par le comportement de ceux qui ne pensent qu'à manger durant ce mois sacré. Il a avoué faire des économies lors de ce mois en évitant des dépenses en plus et des plats dits de «garniture». «Pas de l'hem lahlou, pas de plats chichement garnis à la viande et poulets, pas de fritures et autres mets chèrement concoctés», nous a dit un autre citoyen. Il souligne qu'il mange à sa faim, équilibré et à moindre coût. D'autres plus radicaux, et pour dénoncer les pratiques des «boulimiques» commerçants, ont recours durant ce mois à une cuisine légère, sans viande, où des cubes Jumbo sont ajoutés à la sauce. «On ne meurt pas de ne pas manger de viande et ces cubes donnent du goût à mes plats», nous dit une mère de famille. Cette frange de la société et sur tous les plans gagnante, car même sur le plan de la qualité diététique elle est moins exposée aux problèmes de... santé.