Le Ramadhan qui tombe cette année en plein été va-t-il changer le comportement des jeûneurs et les pousser à manger «léger» ou va-t-il ressembler aux précédents, avec une flambée des prix qui va toucher tous les produits de consommation, et des services de contrôle défaillants ? S'il est vrai que le comportement des Algériens pendant cette période change du tout au tout, pris qu'ils sont par une frénésie des achats durant ce mois, il est fort à parier que les scénarios des années précédentes vont se reproduire cette année encore. Une situation favorisée par les mêmes lacunes à l'origine de l'anarchie qui caractérise le marché, aggravée par la spéculation et des dysfonctionnements qui mettent à mal la mercuriale. A commencer par un système de régulation des produits de large consommation qui est loin d'être performant. Son renforcement promis par les autorités tarde à se faire, ce qui, dans la réalité favorise la spéculation et l'envolée des prix. Du bouquet de coriandre, indispensable pour la confection de la chorba, à la viande qui la compose, en passant par la semoule et le pain qui se multiplie en genre et en nombre durant cette période, tous les produits de consommation voient leurs prix passer du simple au double durant ce mois. L'absence d'un dispositif juridique qui fixe les marges bénéficiaires des commerçants est une autre raison à l'origine du grand déséquilibre des prix. Des prix qui valsent au gré de l'humeur des commerçants qui n'attendent que des occasions comme celle du Ramadhan, des fêtes religieuses et autres pour s'enrichir. A travers les marges bénéficiaires, il sera possible désormais d'instaurer la transparence et affirmer, par la même occasion, l'autorité de la loi et assurer la protection du consommateur. Certes la création d'une cinquantaine de marchés de gros est une bonne chose en soi, qui devrait assurer la régulation du commerce des fruits et légumes, proie du diktat des intermédiaires et autres spéculateurs de tous bords, mais les autres produits consommés durant ce mois, dont les viandes, la semoule ou l'huile, doivent également échapper à la spéculation. Pour une grande proportion des Algériens, la conception du jeûne demeure synonyme de «goinfrade» à l'heure du f'tour. Certains vont jusqu'à contracter des dettes pour manger plus durant le Ramadhan, tout en croyant dur comme fer, qu'ils mangent mieux. Les conseils des nutritionnistes et autres conseillers de la santé ne trouvent pas d'écho, même pas auprès de diabétiques et d'hypertendus. Il est grand temps que les Algériens reviennent au vrai sens du jeûne, sans chambouler leurs habitudes alimentaires. L'exemple des plus grands pays musulmans du monde, ceux du continent asiatique, qui ne changent en rien leur mode de consommation devrait servir de modèle. Les jeûneurs ne s'en portent que mieux sur le plan de la santé, la plus grande richesse de l'homme.