Au 15e jour du Ramadhan, 509 tonnes de poulet congelé ont été écoulées contre 335 durant tout le mois de jeûne 2009. «509 tonnes de poulet congelé, sur les 4200 tonnes stockées ont été écoulées (donc consommées) au cours de la première quinzaine de Ramadhan par l'Office national des aliments de bétail (Onab)», a déclaré son directeur commercial, Sellidj à la presse. Cet exemple est, à lui seul, explicatif quant au nouveau comportement du consommateur algérien, notamment pendant le mois de Ramadhan. Force cependant est de constater que la hausse de la consommation des foyers ne concerne pas uniquement le poulet, laquelle trouve son explication dans le prix élevé de la viande rouge locale. Elle touche tous les secteurs alimentaires comme la viande rouge, les produits laitiers, les fruits, les légumes, etc. Cela sans parler des gâteaux et des sucreries de tous genres ou encore des boissons gazeuses et autres jus de fruits. Si chaque Ramadhan le constat alarmant est le même, c'est-à-dire une hausse de la consommation, il n'en demeure pas moins que cette année, elle est plutôt singulière et concerne la quasi-totalité des ménages quel que soit leur niveau social. N'avons-nous pas assisté, au début du Ramadhan, à une carence dans la production et la distribution de pain? Ce n'était pas là, rappelons-le, un déficit dans la production, mais tout simplement une surconsommation de pain qui intervient au début de chaque mois sacré. Qui ne s'est pas retrouvé avec une panoplie de pains divers, d'orge, de son, de blé dur, de metlouh ou autres galettes achetées par «précaution», mais qui fait grimper la facture d'importation et les statistiques de consommation. Une autre menace qui avait fait vaciller les pères de famille nombreuse, celle du lait. Là aussi, l'utilisation en hausse du lait se justifie par la consommation de beaucoup de lait ajouté au café comme apport supplémentaire au jeûneur, aux enfants et aux personnes âgées, au sein de beaucoup de familles à faible revenu. Il aide ainsi à combler un manque de viande, de poulet ou autre. Il est, par ailleurs, fort utilisé dans la confection de mets à la base de lait ou de gâteaux. Surconsommation? La consommation en nette augmentation de l'Algérien se vérifie également par l'importation massive, dite d'appoint, de viandes rouges. Un stockage de 5000 tonnes de viandes rouges (ovine et bovine) avait été programmé pour le seul mois d'août. Il est à signaler, par ailleurs, en amont des prévisions d'importations de produits alimentaires pour approvisionner correctement le marché, la livraison de 200 tonnes de poisson congelé importé d'Espagne, de Chine et du Maroc. C'est là, faut-il l'avouer, une véritable frénésie d'importation de denrées alimentaires destinées à satisfaire les besoins multipliés de l'Algérien, devenu un grand consommateur. Par consommation, il ne faut pas entendre simplement la capacité d'absorber une certaine quantité d'aliments, mais surtout cette frénésie d'achat qui s'empare de tout citoyen lambda pendant le mois de Ramadhan et après. Cette fièvre d'achat concerne tous les secteurs, comme si l'Algérien appréhende une disette. Pourtant, avec ses 15,17% du volume global des importations, le secteur alimentaire a connu une baisse de 10,88%, selon le Cnis. Elles se sont établies à 2,99 milliards de dollars au cours du premier semestre de l'année en cours. L'année dernière, leur montant s'établissait durant la même période à 3,35 milliards de dollars. Le Cnis ajoute, que sur les six principaux produits du groupe des biens alimentaires importés, trois ont connu d'«importantes baisses» en termes de montant. Ce sont les céréales, la semoule et la farine, les viandes et les produits laitiers. L'Algérien serait-il devenu «un tube digestif» qui avale tout? Ou alors compense-t-il les onze mois «rachitiques» qu'il a vécus précédemment?