L'annonce par l'agence de notation Standard & Poor's de la dégradation de la note souveraine américaine a fait l'effet d'une bombe au sein de la communauté internationale. De son côté, la Chine s'en prend avec véhémence aux Etats-Unis, accusés de vivre «au-dessus» de leurs moyens. La Chine, de loin le plus grand créancier de l'économie américaine, a ainsi demandé des comptes aux Etats-Unis, estimant que Standard and Poor's n'a fait que confirmer «une horrible vérité». «Les jours où l'oncle Sam, perclus de dette, pouvait facilement dilapider des quantités infinies d'emprunts de l'étranger semblent comptés», a prévenu l'agence officielle Chine Nouvelle. Selon elle, «afin de soigner leur dépendance aux dettes, les Etats-Unis doivent rétablir le principe de bon sens selon lequel il faut vivre selon ses moyens». Les autres pays asiatiques ont réagi avec moins de virulence. Le Japon, deuxième créancier des Etats-Unis, a confirmé que sa politique d'achats d'obligations américaines resterait la même. En Corée du Sud, de hauts responsables du ministère des Finances se sont réunis en urgence samedi matin, mais ont confié n'avoir «pas à être trop inquiets pour (leur) économie et pour les marchés financiers». Côté européen, le ministre français de l'Economie, François Baroin, a par ailleurs rappelé hier que la France «a une totale confiance dans la solidité de l'économie américaine (...) ainsi que dans la détermination du gouvernement américain à mettre en œuvre le plan de réduction des déficits approuvé par le Congrès». «Il ne faut pas non plus dramatiser, il faut garder la tête froide, il faut regarder les fondamentaux» de l'économie américaine, a-t-il souligné sur I-télé. Le ministre britannique du Commerce, Vince Cable, a lui aussi maintenu que «la situation des Etats-Unis est assez solide». Il a néamoins jugé que la dégradation de la note américaine était «une conséquence complètement prévisible de la pagaille créée par le Congrès il y a quelques semaines quand ils (les parlementaires) ne parvenaient pas à s'entendre sur le relèvement du plafond de la dette», reprenant ainsi les arguments de Standard and Poor's qui évoquait des «risques politiques». Du côté de Berlin, en revanche, c'est le silence complet : le gouvernement allemand a refusé hier de faire le moindre commentaire sur la dégradation de la note souveraine de la dette des Etats-Unis. «Pas de commentaire», a déclaré un porte-parole du gouvernement. Selon l'agence de presse allemande DPA, qui cite des sources proches du gouvernement, Berlin estime que la meilleure attitude à adopter à l'heure actuelle c'est de «tout simplement la fermer».