Les donneurs de sang se font rares au niveau des centres de transfusion sanguine pendant le mois de Ramadhan. En moyenne, une vingtaine de personnes seulement font quotidiennement ce geste charitable. «Une goutte de sang peut sauver une vie». Il semble que ce slogan à même de sensibiliser les gens sur la valeur et la dimension du geste ne trouve pas vraiment d'écho chez les citoyens en ce mois sacré de Ramadhan. Un constat fait par les médecins eux-mêmes qui relèvent encore le recul des donneurs réguliers en cette période de jeûne. En effet, lors d'une virée matinale dans quelques centres de transfusion de la capitale, nous avons constaté de visu que les donneurs de sang n'étaient pas nombreux, notamment durant la journée où il fait très chaud. Au centre d'homologie et transfusion sanguine du CHU Mustapha-Pacha (Alger), ils étaient à peine six volontaires à s'être présentés sur les lieux. Pour eux, donner son sang est un geste avant tout humanitaire, pendant ou en dehors du mois sacré. Ces donneurs réguliers ont l'habitude d'accomplir ce geste annuellement. «Le nombre de donneurs est vraiment faible durant le Ramadhan», nous a indiqué un médecin hématologiste au niveau du centre. «On reçoit en moyenne 14 donneurs par jour durant le Ramadhan», a-t-il ajouté en expliquant qu'en dehors du mois sacré, leur nombre avoisine la quarantaine. La plupart viennent après la rupture du jeûne et plus précisément après la prière de tarawih», précise notre interlocuteur. «Ils sont rares», souligne un autre médecin chargé des consultations au centre de transfusion sanguine à l'hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot) de Bab El Oued tout en parlant des donneurs qui se présentent la matinée. La salle des consultations du centre «désertée» confirme ses dires. Un donneur seulement a été rencontré sur les lieux. «Mon frère souffre d'un cancer de la prostate», nous dit-il, pour expliquer ses motivations. «La crainte de courir des risques contraint les citoyens, dont des donneurs réguliers, à éviter de donner leur sang en période de jeûne», explique l'hématologiste. Un état de fait qu'elle traduit par le manque de sensibilisation dans ce cadre surtout par les médias qui ne donnent pas d'importance à ce genre d'action», estime le médecin. «Cela devrait se faire régulièrement», suggère notre interlocutrice qui se veut rassurante. Il faut que les donneurs sachent que le prélèvement ne présente aucun danger sur leur santé», indiquant que ce produit biologique se régénère rapidement. Le donneur est soumis à une visite de contrôle médical pour savoir s'il ne présente pas de contre-indication, comme la baisse de tension artérielle, l'anémie et autres pathologies. Le donneur, notamment lors de son premier prélèvement, connaîtra gratuitement son groupe sanguin ainsi que ceux qui lui sont compatibles, et en cas de besoin, selon ce médecin, qui a dit qu'il n'y a rien à craindre et que l'opération ne dure qu'une dizaine de minutes pour un prélèvement d'environ 450 millilitres soit seulement 6% du volume sanguin total». Mais que faire pour combler cette rareté remarquée durant le Ramadhan ? «On a l'habitude de faire appel aux donneurs familiaux, répond-elle, pour combler le manque dû à l'absence occasionnelle de certains donneurs». Le nombre de personnes enregistrées durant le mois sacré ne dépasse pas une moyenne de 25 par jour au niveau de cet hôpital, estime le médecin. Ceci cause une insuffisance au niveau des stocks sanguins, déplore-t-elle. Le déficit est encore plus important pour les groupes sanguins de rhésus négatif. Paradoxalement, c'est lors de ces premiers jours de Ramadhan que la demande sur le sang se fait le plus sentir en raison, notamment du nombre effrayant des accidents de la circulation. Les nombreux blessés dénombrés nécessitent des interventions chirurgicales et, par conséquent, des quantités de sang. La plupart des donneurs, regrette-t-elle, le font pour un parent, un proche ou un ami hospitalisé, alors que d'autres font ce geste uniquement lors de la Journée mondiale du don de sang. Il faut savoir qu'une poche de sang peut sauver trois vies humaines. Et pour conclure, notre interlocutrice dira que cette action devrait devenir une culture à acquérir où le bénévole devrait être conscient de l'importance ô ! combien importante, de son geste.