La mosquée du bey Mohamed el-Kebir d'Oran a été nommée en l'honneur du bey qui la construisit en 1792 à l'extérieur, et à l'est de la ville. Elle est située boulevard de Tripoli, et entourée de hauts immeubles édifiés alentour depuis les années 1930, et qui la défigurent. Située, lors de sa construction, hors les murs de la ville, sur le plateau de Karguentah, cette mosquée a été rattrapée par l'urbanisation, et incluse dans l'extension de la ville de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Elle fut surnommée «Vieille mosquée Karguentah», et une rue porta longtemps son nom, la «rue de la vieille mosquée». Le bey Mohammed el Kebir en fit poser la première pierre en 1792, après la reprise d'Oran sur les Espagnols. Elle lui servit de sépulture, à sa mort en 1799, ainsi qu'à son frère Bou Kabous «l'homme au pistolet». Autour de cette mosquée s'éleva un quartier, qui fut rasé par le général Desmichel en 1832, à l'exception de la mosquée qui servait de redoute. Après divers usages militaires, il fut question vers 1893 de l'abattre pour y faire passer un boulevard. Les musulmans s'émurent alors, et obtinrent gain de cause. Elle fut rendue au culte en 1893 et inscrite aux monuments historiques. Un second arrêté de classement fut pris le 24 décembre 1903 par le Gouverneur général de l'Algérie, le premier ayant sans doute été pris par le ministre de la Guerre. Les travaux du bey Mohammed el Kebir pourraient avoir été la reconstruction, ou la restauration, d'une mosquée plus ancienne, qui existait déjà en 1593. La mosquée du bey Muhammad ibn 'Uthmân, dit Mohamed El Kébir est un oratoire ottoman de style mauresque, qui présente une dérogation au type algérois dans le nombre des galeries de la qibla. La salle de prière compte parmi les principales salles de prière hypostyles d'Algérie. Ses colonnes sont cylindriques et parfois placées par groupes de deux. La mosquée d'Oran est l'unique mosquée sans mihrâb, en souvenir de celle de Médine qui à l'origine en était dépourvue. Elle se démarque aussi des autres mosquées par la position latérale de sa coupole et par son minaret à huit pans, composé de deux tours superposées et d'un lanternon à coupole, alors que les minarets contemporains d'Oranie conservent le type mauresque. Ce minaret placé dans l'angle sud-ouest de la salle de prière se caractérise par un noyau central plein et par la largeur des 51 marches de son escalier qui n'est pas constante. La mosquée du bey possède des dômes en forme d'arc brisé à huit pans qui reposent sur un tambour octogonal percé de quatre fenêtres, comme à la grande mosquée de Touggourt, surmontés d'un épi de faîtage caractéristique des mosquées maghrébines composé d'une tige, de trois boules et d'un croissant. Le décor se concentre sur le minaret : chaque face s'orne de merlons à cinq degrés et de panneaux rectangulaires superposés, séparés par une corniche. Le panneau supérieur est garni de cinq arcs polylobés qui traduisent parfaitement les influences du décor des minarets abd al-wadides sur les minarets ottomans. Les arcs lobés auraient été introduits au Maghreb par les Almoravides qui ont emprunté l'arc andalou à cinq lobes à la Grande mosquée de Cordoue et y apportèrent des variantes, reprises plus tard par les Almohades dans les mosquées de Tinmal et de La Kutubiyya à Marrakech. Bien qu'elle se démarque des autres mosquées de la période ottomane d'Algérie, de par ses techniques architecturales et son répertoire décoratif, la mosquée du bey Muhammad ibn 'Uthmân appartient à ce groupe qui présente des innovations en lien avec la présence turque.