Comme annoncé la veille, les habitants du village Imezgharen, dans la commune de Frikat, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, s'en sont pris hier au siège de la daïra de Draâ El Mizan dont ils ont procédé à la fermeture pour réclamer l'amélioration de leur cadre de vie. Le manque d'eau potable étant la goutte... d'eau qui a fait déborder le vase depuis près de 15 jours, n'était en effet qu'une autre occasion de renouveler des revendications qui datent de l'an dernier. Aux premières heures de la matinée, des centaines de villageois venus cette fois-ci en force ont occupé la cour du siège de la daïra avant de le fermer devant le personnel administratif. Des fonctionnaires ont dû rebrousser chemin après avoir été empêchés d'accéder à leurs bureaux. Devancés par les membres du comité de village initiateurs de l'action de protestation, les habitants d'Imezgharen voulaient dire par leur présence en force que «la situation a atteint son paroxysme». «C'est l'unique voie pour nous de faire entendre le cri d'un village qui a subi l'oubli des responsables, depuis les élus locaux jusqu'aux hauts représentants de l'Etat au niveau de notre wilaya», nous explique un villageois, estimant que les citoyens ont épuisé toutes les voies du dialogue. Malheureusement, poursuit-il, «dans ce pays, il n'y a que la voie de la rue qui peut être porteuse de solutions aux problèmes des algériens». Pour Rachid Azzi, président du comité, joint hier au téléphone, «cette action se veut une suite du mouvement enclenché il y a deux semaines. Maintenant, il faut mettre un terme à la situation catastrophique dans laquelle vit notre village». Pour ce faire, ajoute-t-il, «les responsables de la direction de l'hydraulique et ceux de la Dlep de wilaya doivent s'asseoir avec nous autour d'une table pour faire le point et trouver les solutions adéquates au marasme du village». Les habitants de ce hameau revendiquent entre autres le raccordement de leurs foyers en gaz naturel et en eau potable, la construction des abribus, le revêtement des routes devenues impraticables, l'installation du réseau d'assainissement ainsi que l'éclairage public. Selon M. Azzi, une réunion devait avoir lieu hier dans l'après-midi entre les représentants des villageois et le chef de daïra de Draâ El Mizan, en vue de trouver une issue favorable et stopper une bonne fois pour toutes les actions de protestation. Frikat, commune qui a enfanté l'un des chefs historiques que la daïra de DEM a donné à la willaya III et à la révolution algérienne (1954-1962), en la personne du colonel Amar Ouamrane, plusieurs de ces villages vivent dans l'enclavement, et manquent de l'essentiel des éléments d'une vie digne. «… Nos droits sont bafoués et notre village est livré à l'oubli officiel. Nos martyrs se sont sacrifiés pour qu'aujourd'hui, nous disposions du minimum. Or, on ne dispose de rien», a écrit le comité du village Imezgharen dans l'appel rendu public avant-hier.