Le stage de Lisses tire à sa fin. Est-ce que vous pouvez nous faire un bilan de ce que vous avez accompli jusqu'ici ? H. Renard : C'est un long stage et comme lors de tout long stage, vous êtes à la merci d'une certaine lassitude des joueurs, surtout quand vous êtes en fin de parcours. Une chose est sûre, les derniers jours vont être importants dans la gestion du temps parce vous avez affaire à des gens qui pensent beaucoup plus à rentrer chez eux et à la fête de l'Aïd qu'ils vont célébrer en famille qu'au travail auquel ils se doivent d'être soumis. Pour en venir à votre question, je peux dire que ce stage s'est déroulé selon notre programmation et j'espère qu'il en sera autant jusqu'à la dernière seconde. Justement à propos de l'Aïd, nous avons appris que vous avez fixé la reprise des entraînements à Alger le 31 juillet, qui risque d'être le jour de la célébration de l'Aïd... C'est ce qui avait été convenu dans un premier temps car on pensait que l'Aïd tombait mardi. On a appris par la suite que cela pourrait avoir lieu le mercredi 31. Voilà pourquoi nous avons décidé de finalement programmer cette reprise des entraînements le 1er septembre. L'essentiel est qu'il n'y ait pas une cassure de plus de 72 heures dans la préparation. Quels enseignements avez-vous pu tirer des trois matches de préparation que votre équipe a disputés jusqu'ici ? Au départ, nous avions un groupe auquel il fallait donner des automatismes et une certaine cohésion dans le jeu. C'est ce qu'il y a de plus difficile dans le football. En dehors de cela, nous avons pu tirer essentiellement des enseignements individuels. Nous avons aujourd'hui une idée plus précise sur chaque joueur, ses qualités et ses défauts. Nous avons également une vue plus large sur l'effectif que nous avons sous la main. Quand on recrute quelqu'un, c'est parce qu'on le connaît, on l'a observé et on l'a voulu. Toujours est-il qu'on ne peut prétendre le connaître à 100%. Tous ces jours de stage nous ont permis de mieux connaître ces joueurs. D'un autre point de vue, collectivement l'équipe progresse de jour en jour. Le fait que ce stage se déroule en plein mois de Ramadan n'a-t-il pas été handicapant dans la mise en œuvre de votre plan de travail ? A titre personnel, c'est la première fois que je dirige une équipe musulmane qui plus est en plein mois de Ramadan. C'est vraiment une découverte pour moi. J'ai trouvé que c'est très pénalisant surtout lors de la première séance, celle qui est programmée à 18h30, avant la rupture du jeûne. Justement cette séance est-elle vraiment opportune en cette période de Ramadan ? Je crois qu'elle est utile dans le fait qu'elle sert de préparation à la séance de nuit. Quand vous avez sous la main des joueurs qui viennent de se lever, qui n'ont ni bu, ni manger, c'est difficile de les soumettre directement à un entraînement intensif du genre de celui qu'ils subissent en soirée. Disons que la séance de 18h30 est une mise en train à ce qui se fera dans la nuit après la rupture du jeûne. On ne peut se contenter que de travail technique et encore nous ne sommes pas sûrs que les joueurs soient très enthousiastes à l'idée de fournir des efforts, surtout si le temps est très chaud. Là, on ne peut presque rien en tirer. Vous avez tout de même eu des périodes clémentes... Absolument et je peux dire que ce fut parfait ces jours-là. Nous avons quand même eu quelques périodes de grosse chaleur où nous avons été lourdement handicapés. Avez-vous trouvé ici à Lisses les conditions que vous souhaitiez pour le travail programmé ? Je dois reconnaître que j'ai été agréablement surpris de l'endroit où nous nous trouvons. Il y a de très bonnes commodités pour bien travailler. En outre l'USMA est une habituée des lieux et s'y sent comme chez elle. J'ajoute que le propriétaire du centre, M. Bernardin, fait son possible pour que notre séjour se passe de la meilleure façon qui soit. Je ne connaissais pas ce centre et on m'en avait dit beaucoup de bien. Après y avoir passé plusieurs jours, je peux affirmer que ceux qui m'en avaient parlé étaient dans le vrai. N'avez-vous pas pris un risque en programmant deux matches en 24 heures à des joueurs qui faisaient le Ramadhan ? Non, parce que si vous faites une bonne enquête, vous remarquerez qu'aucun de nos joueurs n'a joué plus de 90 minutes durant ces deux matches. Ce qui fait que chacun d'eux n'a joué qu'une seule mi-temps par jour. Le jour de la présentation de l'équipe au stade Bologhine, vous aviez dit que vous possédiez des joueurs mais pas une équipe. Pensez-vous aujourd'hui avoir cette équipe ? Elle continue à se dessiner et c'est en bonne voie. Elle n'est certainement pas au même niveau de cohésion que des équipes comme celle de Chlef et de Béjaïa qui ont conservé leur ossature et qui sont en avance dans leur préparation. A nous de combler ce manque de cohésion par une plus grande détermination de vouloir avancer très vite. Vous vous donnez combien de temps pour atteindre votre objectif de former une équipe ? Même si nous n'aurons pas la cohésion voulue, il nous faudra être efficace dès le début. Un championnat, ce sont des points qu'il faut grignoter journée après journée. Celui qui est premier au bout de cinq journées n'est pas forcément celui qui finira premier ou second en fin de saison. Il faut se montrer régulier et monter en puissance tout au long de la saison. Je n'ai rien contre un départ assez poussif mais l'important c'est d'être au bout. Interview réalisée à Lisses par Ahmed Achour