Depuis samedi 20 août, l'opinion publique mondiale sait que les rebelles libyens, mobilisés sous la houlette du Conseil national de transition (CNT), sont entrés dans la capitale Tripoli qu'ils contrôlent de plus en plus en se mesurant aux forces pro-El Gueddafi contraintes au retranchement. Mais elle ignore tout de la personne qui a conduit la «bataille de Tripoli», Abdelhakim Belhaj. Qui est en effet le commandant de la rébellion dans la capitale ? Dans un portrait publié hier par le quotidien français Libération, intitulé «Abdelkrim Belhaj, le retour d'Al-Qaeda», il a été présenté comme un «jihadiste de longue date». Pour les services secrets américains, révèle le quotidien, l'homme qui a pris Tripoli à la tête des rebelles et en est aujourd'hui le gouverneur militaire de facto est une vieille connaissance. «La CIA l'a pisté, traqué, et finalement capturé en Malaisie en 2003. Elle l'a ensuite transféré dans le plus grand secret dans l'une de ses «prisons secrètes», celle de Bangkok», ajoute-t-on. Plus connu sous le nom de d'Abou Abdallah al-Sadek, Belhaj est né le 1er mai 1966 en Libye. Il a combattu en Afghanistan sous l'occupation de l'Union soviétique (1979-1989). Par la suite, il a fondé le Groupe islamique combattant libyen (GIGL) qui, avec l'accord des talibans, a ouvert plusieurs camps d'entraînement dans le pays, dont certains formeront des volontaires liés à Al-Qaïda. Son activisme attire l'attention de la CIA qui l'a arrêté deux ans après l'attaque spectaculaire du World Trade Center. Remis aux services secrets libyens en 2004, Abdelkrim Belhaj a été libéré cinq ans plus tard. Cette libération a été voulue par l'un des fils de Mouammar El Gueddafi qui a décidé d'opérer une réconciliation du régime avec la mouvance islamiste. A la faveur des troubles que connaît le pays depuis mars dernier, le fondateur du GIGL a choisi le camp des insurgés. Les services de renseignement suivent avec la plus grande attention l'évolution du GICL. «Les services secrets américains, européens et arabes reconnaissent que l'influence d'anciens membres de ce groupe les inquiète», confiait mi-juillet un cadre des renseignements arabes au quotidien américain The New York Times. «Il est facile de changer de nom et de dire ‘'Nous n'appartenons pas à Al Qaïda'', mais la vraie question est de savoir s'ils ont changé d'idéologie… et j'en doute», avait-il ajouté sous couvert d'anonymat. Abdelhakim Belhaj a d'ailleurs affirmé que ses troupes «ne respecteraient que ce qui est en accord avec la charia'a», rapportait, mardi, le site Iinternet de Foxnews.