On l'a souvent dit et constaté, le Ramadhan influe négativement sur le comportement des Algériens. Leur attitude change du tout au tout en cette période et le moindre écart est source de disputes. Que ce soit au marché, sur la route, à la poste, pour une place de stationnement et dans bien d'autres circonstances, pour un rien, l'étincelle est vite partie. Les mots ne suffisant pas toujours pour exprimer sa rage, on en arrive vite fait bien fait aux mains. Du pain sur la planche pour les sociologues, pour nous éclairer aussi sur la façon de conduire des Algériens, dont un nombre effarant a péri sur les routes en ce Ramadhan caniculaire. Mais aussi de se conduire, vu que les agressions en tous genres ont pris une ampleur effrayante durant cette même cette période. Sans en arriver aux situations extrêmes, le citoyen lambda ne réfléchit pas de la même façon durant ce mois sacré. Son centre d'intérêt est son ventre dans lequel son cerveau se niche. Et lorsque la faim le taraude, il ne pense qu'à la manière de le satisfaire au moment d'el adhan. Au bureau, par exemple, les sujets de discussion tournent le plus souvent autour de la gastronomie. On échange les recettes de cuisine entre collègues de l'autre sexe, on ne s'intéresse à ce qu'a mangé l'autre la veille pour s'inspirer pour le repas du jour, au cas où le plat en question n'a pas déjà été consommé. Car il n'est pas question de remanger le même plat deux fois en l'espace d'un mois. Un mois durant, les recettes traditionnelles sont revisitées, même si elles sont compliquées à la confection et onéreuses. Avec les sorties nocturnes et tardives comme celles de cette année, l'Algérien voit ses capacités mentales diminuer. Toute l'animation qui a fait certes sortir la ville et ses habitants de leur torpeur fait d'eux, durant les heures de travail, des sortes de zombies, qui travaillent sans savoir ce qu'ils font. Un exemple parfait pour illustrer nos dires, la situation pour le moins rocambolesque vécue par des locataires d'un immeuble de Garidi. Hier, l'agent de Sonelgaz comme à son accoutumée fait la tournée pour distribuer les factures d'électricité. Sauf que contrairement à ses rondes en temps normal, il s'embrouille les pinceaux et distribue un peu anarchiquement les quittances. Pire, une facture a été retrouvée traînant par terre. N'était le petit futé de Farès, qui l'a remise à une voisine, elle aurait été perdue et son destinataire obligé de payer une amende. Je te paye, tu me payes ma facture Ainsi, le voisin du rez-de- chaussée s'est retrouvé avec la facture de son voisin du dessus, celui-ci se retrouve à son tour avec celle de son voisin de palier. Mais ce qui corse la situation, c'est que, tout aussi «groggy» que l'agent de Sonelgaz, ces derniers se ruent sur le guichet de l'entreprise en question et s'acquittent du montant indiqué sans que leur regard ne s'attarde une fraction de seconde sur le nom. Ce n'est que lorsque la femme du voisin du rez-de-chaussée jette un coup d'œil sur la facture, question de voir son montant, qu'elle demande à son mari la raison de la présence de la redevance de son voisin. En allant lui remettre sa facture payée, il se retrouve face à face avec son voisin qui tombe des nues et qui lui affirme être revenu à l'instant de Sonelgaz où il a payé sa facture. En regardant de près, il se rend compte qu'il vient de payer celle de son voisin de palier. On vous laisse deviner les moments d'hilarité qui ont suivi tout cet imbroglio ramadhanesque!