Une marche pacifique est prévue pour demain à 10h au niveau de la ville de Fréha. Les citoyens comptent investir la rue pour dénoncer «la bavure de trop». La population de Fréha, 30 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou, exprime sa colère et son indignation. Les habitants encore sous le choc, après le drame qui coûté, dimanche dernier, la vie à une femme, âgée de 55 ans, viennent de passer à l'action. Une grève générale a paralysé hier toute la ville de Fréha dans une opération «ville-morte», exprimant à la fois une solidarité avec la famille de la défunte en même temps qu'indignation et colère. Ce sont là, les deux sentiments dominants depuis deux jours, alors que la même version des faits et circonstances de la mort de Zahia Kaci, née Ebessaine, mère de 14 enfants, sont sur toutes les lèvres. «Des projecteurs étaient braqués vers l'extérieur de la caserne des parachutistes, ce qui permettait de distinguer la femme de l'homme», racontent, les habitants. Triste est la ville de Fréha. Hier, dès les premières heures de la matinée, le climat était tendu et les citoyens s'attendaient déjà à une action de protestation en réaction à la bévue militaire de dimanche, nous dira un habitant de la région. Tous les magasins et autres commerces ont baissé les rideaux dès 10 heures. Les écoles, CEM et lycées de la région ont aussi adhéré à la journée de protestation en observant une grève tandis que les transporteurs ont gelé leur service. On a constaté une adhésion citoyenne massive à l'appel lancé par le comité de crise installée le soir même de l'enterrement de la défunte. Le mot d'ordre était de «dénoncer cette insécurité qui plane sur la région de plus en plus, et réclamer que les auteurs du crime soient traduits devant la justice mais surtout prendre des sanctions à l'encontre des responsables de la caserne militaire de Fréha», nous explique un citoyen. Dans une autre action, des citoyens ont procédé hier au blocage de la RN 12. A l'aide de pneus incendiés, de troncs d'arbre et de pierres, les protestataires ont bloqué la route au niveau du tronçon Chaâoufa-Fréha. Des dizaines de jeunes en colère ont pris pour cible la caserne avant-hier, après les funérailles. Se rassemblant devant le portail principal, les protestataires ont jeté des pierres et projectiles à l'intérieur de l'enceinte militaire avant que la foule ne se disperse après l'intervention des sages de la ville. Les militaires, quant à eux, n'ont pas réagi à la colère des citoyens. La même action a été tentée et empêchée par les sages. Hier, un renfort de police a été mobilisé dans la ville de Fréha. Les services de sécurité redoutaient, en effet, des échauffourées ou dérapages. Selon des témoins, les policiers ont occupé toutes les ruelles du centre-ville. Hormis les pharmacies qui sont restées ouvertes, le décor de la ville semblait encore tendu, alors qu'aucune action n'a été décidée du fait de la divergence des avis et propositions concernant la nature de la suite à donner à la grève d'hier. Des citoyens sont allés même proposer d'entrer en confrontation avec les forces de sécurité au moment où d'autres favorisaient la sagesse et la prudence. Cette dernière a finalement fini par l'emporter puisque jusqu'en fin de soirée aucun dérapage n'a été signalé. Le calme est revenu dans la ville. Par contre, à l'heure où nous mettions sous presse une autre réunion du comité de crise se tenait. Une marche pacifique est prévue pour demain à 10h, au niveau de la ville de Fréha. Les citoyens comptent investir la rue pour dénoncer «une bavure de trop». Pour rappel, de retour d'une veillée funèbre dimanche soir vers 22h, trois femmes, qui passaient à proximité de la caserne du 43e bataillon des parachutistes, ont essuyé des tirs vevant de la caserne. Zahia Kaci a été mortellement touchée.