Samedi 27 septembre 1997, 15h. Douze enseignants, dont onze femmes, ont été victimes de la folie terroriste à Aïn Aden, dans la daïra de Sfisef, en plein accomplissement de leur devoir de transmission du savoir aux enfants démunis. C'est l'un des plus marquants incidents qu'a connu la région, durant la décennie noire. Ce jour-là, le ciel avait changé de couleur, et tout le monde s'attendait à un orage violent. Si seulement c'était vrai. Les enseignantes ont imploré le groupe terroriste de les laisser partir et rejoindre leurs familles, mais… tout son plaisir était là : voir ces femmes armées d'une seule expression «La Ilaha illa Allah Mohamed rassoul Allah» égorgées sans pitié, et s'en aller, comme si de rien n'était. Avec une grande froideur, les sanguinaires n'ont pas hésité à les assassiner l'une après l'autre. Chacune d'elle voyait ses amies mourir sous ses yeux pour garder un dernier souvenir plein de haine, de mal et de douleur, pour témoigner dans un autre monde, et dans une autre dimension, contre leurs exécuteurs. Rien au monde ne pourra effacer leur souvenir de la mémoire des habitants de la daïra de Sfisef, ni de celle de toute la wilaya de Sidi Bel Abbès, et encore moins de celle de leurs proches, mères, pères, enfants, époux, qui se souviendront le plus de la manière dont elles ont été tuées, que de leur date de décès. Elles étaient toutes jeunes et belles, pleines de vie et de volonté, et surtout de bravoure. Les femmes algériennes ont toujours été courageuses. Saber El H'bib, désarmé et seul ne pouvait rien faire, il a été assassiné de la même manière, il a vu ses collègues partir pour un autre monde et n'a pas tardé à les rejoindre. Tounsi Aziza, Boudaoued Kheira, Bouteraa Rachida, Mehdane Zohra, Bouhend Fatima, Fliou M'hamdia, Louhab Naïma, Lenfad Hafida, Cherrid Kheira, Bouali Hanafi Sahnounia. Ces noms resteront gravés dans notre mémoire et pour toujours.