Neuf mois après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, la campagne électorale en vue d'élire une Assemblée constituante le 23 octobre a démarré hier dans une effervescence particulière pour un pays habitué depuis plus de 50 ans à des élections arrangées. Appelés à élire une institution dont la principale tâche sera d'élaborer une nouvelle Constitution, les Tunisiens s'apprêtent à faire l'apprentissage de la démocratie. Longtemps confrontés à l'hégémonie d'un parti unique, ils auront à faire un choix difficile dans une mosaïque de partis et de candidats indépendants, la plupart inconnus des électeurs. Sur les 111 partis légalisés dans leur grande majorité après «la révolution du jasmin», 81 seront en lice dans les 33 circonscriptions électorales (dont six à l'étranger) pour ce scrutin à la proportionnelle. Selon les dernières statistiques de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), 1541 listes comprenant près de 11000 candidats se disputeront les 217 sièges de la future Constituante. Quelque 140 listes ont été invalidées en raison notamment de la présence de personnes déclarées inéligibles pour avoir exercé des responsabilités dans l'ancien régime ou pour avoir appelé M. Ben Ali à briguer un sixième mandat en 2014. Devant la pléthore de listes et de candidats, environ la moitié des sept millions d'électeurs potentiels semblent encore indécis, ne sachant pas pour qui ils voteront le 23 octobre, selon de récents sondages désormais interdits en période de campagne électorale. Pour combler ce déficit, partis et candidats indépendants ont programmé des centaines de meetings et feront du porte-à-porte dans les villes et villages. L'appareil policier compte plus de 60 000 agents, dont 10 000 nouvelles recrues, et l'armée environ 45 000 soldats et officiers. Par ailleurs, les conscrits ont été consignés jusqu'à la fin des élections, selon le ministère de la défense. Pour la communauté tunisienne à l'étranger, la campagne électorale a déjà démarré le 28 septembre 2011 pour se poursuivre jusqu'au 18 octobre prochain. Pour la première fois depuis l'indépendance de la Tunisie en 1956, l'opération électorale est supervisée par l'ISIE.