L'affaire de «suspension illégale» opposant l'avocat Me Boudiaf au bâtonnier d'Alger, Me Sellini, a encore une fois été renvoyée au 12 octobre. Ce troisième renvoi prononcé par la présidente de l'audience d'hier suscite l'intrigue et conduit à croire que le tribunal montre des signes d'incompétence de trancher dans le litige opposant le bâtonnier d'Alger à un avocat ayant fait l'objet d'une suspension jugée «caduque». Dans sa requête formulée à la demande du tribunal, Me Boudiaf remet en évidence «le caractère illégal de cette suspension tant celle-ci n'est pas fondée et de surcroît n'a pas fait l'objet d'une homologation de la part du conseil de l'ordre des avocats». Ce dernier insiste sur le fait que sa démarche «tend à convaincre le tribunal de le reconduire dans ses droits et de faire appliquer le rejet formulé par le conseil de l'ordre lors de sa délibération du 22 mai, date précédant le délai légal pour statuer sur son cas». Me Boudiaf explique que «sa démarche n'est pas entreprise pour annuler la suspension mais l'application du rejet décidé par les membres du conseil de l'ordre». De son côté, Me Fedegue, qui s'est constitué pour la défense de Me Sellini, bâtonnier d'Alger, a, en réponse à la requête de Me Boudiaf, «exigé l'introduction du document prouvant les dires de Boudiaf, en l'occurrence la délibération du conseil». Une requête plutôt curieuse au su que «le document est aux mains du conseil donc aux mains du bâtonnier». Toutefois, il est utile de souligner que, de l'avis de bon nombre d'avocats, «sans ce document, la suspension de l'avocat devient caduque, c'est-à-dire infondée et nulle et non avenue». Selon ces derniers, «ce procès qui prend des tournures bizarroïdes devrait atterrir au niveau du conseil d'Etat à même de trancher dans ce différent qui prend des allures de règlement de comptes au vu de l'acharnement du bâtonnier». Selon une source sûre, «le bâtonnier d'Alger aurait même entrepris de convoquer Me Boudiaf en commission de discipline pour lui demander de fournir des explications à propos des articles parus sur la presse». Contacté par téléphone, Me Boudiaf «nie avoir reçu une quelconque convocation mais entendu des rumeurs en faire état», ajoutant que «si le bâtonnier me convoque pour les articles parus sur les colonnes de la presse, je me présenterai pour le défier d'introduire une plainte pour prouver le contraire de ce que je déclare». Une déclaration qui a une résonnance de branle-bas de combat. Il est à rappeler que Me Boudiaf avait, dans le passé, introduit une plainte contre le bâtonnier, «l'accusant de verser dans la corruption et dans le trafic d'influence».