Le rideau de défense antimissile de l´OTAN que le président George Bush voulait placer en Pologne et en Tchéquie, donc aux portes de la Russie, sera finalement installé à la base hispano-américaine de Rota (Cadix). La «menace» de l´Iran et de la RPDC de Corée L´annonce de cette décision qui a surpris jusqu´à la classe politique espagnole et suscité les inquiétudes de Moscou a été faite mercredi par le Président José Luis Zapatero à Bruxelles, siège de l´Alliance atlantique, en présence du secrétaire général de l´OTAN, Anders Fogh Rasmussen, et du secrétaire à la Défense des Etats-Unis, Leon Paneta. De source officielle espagnole, l´objectif de ce rideau est de faire face à d´éventuelles attaques aux missiles par des pays comme l´Iran et la Corée du Nord. Ce nouveau système antimissiles a de quoi inquiéter, outre les Iraniens, les Coréens du nord, mais aussi les Russes et leurs alliés de l´Europe de l´Est, ainsi que les pays d´Afrique du nord où les islamistes sont en train de faire une remarquable percée dans le Printemps arabe, pourtant planifié par les puissances occidentales. Les missiles libyens aux mains d'Aqmi En fait l´OTAN est très inquiète du lot de 6000 Sam 7 russes et Stringer américains de l´armée de Kadhafi dont une bonne partie est déjà passée aux mains d'Aqmi dans le Sahel, et transférée, depuis, probablement vers les pays d´Afrique du Nord, Algérie, Tunisie et même Maroc. Le Président espagnol s´est voulu rassurant en disant que ce nouveau dispositif de défense était de caractère strictement «dissuasif». Sa mission serait essentiellement de son point de vue de «protéger l´ensemble du territoire européen», et ne serait, selon son expression, «dirigée contre personne». Inquiétudes de la Russie Par ses propos, Zapatero fait allusion à la réaction immédiate de Moscou dont le ministre des Affaires étrangères, Serguë Lavrov, avait exigé à «chaud» mercredi que l´Alliance atlantique apporte des «garanties légales solides sur l´équilibre stratégique». Cet équilibre avait été mis en place en Europe au lendemain de l´enterrement officiel de la «guerre froide» avec le Sommet de l´OTAN, élargi à la Russie qui s´est tenu dans les années 2000 à Rome. Selon le gouvernement Zapatero, le choix de la base de Rota pour une telle mission se justifie par «sa position géostratégique comme porte d´entrée en Méditerranée». Par cette précision, Madrid fait clairement allusion à la menace de l´Europe par missiles depuis la rive sud de la Méditerranée. Les forces américaines en Espagne Les navires de guerre américains affectés à la mise en place de ce rideau de missiles seront déployés à Rota en 2013 et 2014. Cet arsenal de guerrese compose de 4 navires dotés de ce genre d´engin longue portée, avec un effectif de 1200 militaires et de 100 civils. L´armée américaine qui est déjà installée à Rota depuis les années 1980 dispose de 18 navires de guerre équipés de la dernière version de Aegis. Ce missile, dont sont équipés les F18 espagnols, est spécialement conçu pour la défense contre toute attaque par missiles balistiques (BMD). L´US Navy dispose aussi de 15 destroyers Arleigh Burke et de 3 croiseurs Ticonderanga, un matériel militaire d´une capacité totale de 9500 tonnes qui peut s´appuyer sur le nouveau Centre des pérations aériennes combinées de l´OTAN, basé à Torrejon (Madrid), lequel sera incorporé à ce système de commandement et de défense antimissile, selon les nouveaux plans de l´OTAN pour l´Europe. Le journal espagnol El Mundo a fait observer, hier, que le gouvernement Zapatero n´a même pas daigné, à la veille de son départ du pouvoir, d´informer le Parlement national de «cette décision qui fait ressusciter le spectre de la guerre froide. Il n´avait pourtant rien à perdre, puisque son parti est déjà été donné grand perdant des élections générales du 20 novembre prochain.