Ce n'était un secret pour personne que le choix fait par le Parti des travailleurs (PT), en organisant un meeting à Tizi Ouzou et bien précisément dans la commune de Draâ Ben Khedda (DBK), était bien étudié. La grève des travailleurs de la laiterie de DBK, depuis le 10 octobre dernier, n'a pas laissé indifférent le PT. «Nous sommes venus, aujourd'hui, à Draa Ben Khedda pour une raison essentielle qui est la grève des travailleurs de l'Orlac (ex-Office régional du lait-centre). A cet effet, nous nous joignons à leur revendication pour la reprise par l'Etat de la gestion de cette société», a déclaré, hier, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, lors d'un meeting populaire organisé à la salle Hoggar de la ville. Axant son intervention sur ce mouvement de débrayage, la première dame du PT n'est pas allée avec le dos de la cuillère pour accuser l'actuel patron de la laiterie de «corruption» et de «tricherie». Selon elle, ce dernier «se permet de vendre la poudre, que l'Etat subventionne, à d'autres fins et achète de vieilles machines et des appareils usagés sans aucun respect pour le cahier des charges». «Les travailleurs en grève ne demandent pas une quelconque indemnité ou augmentation de salaire, ajoute Mme Hanoune, mais quelque chose de suprême. La récupération par l'Etat de la collectivité nationale», explique-t-elle. C'est pourquoi, d'ailleurs, «nous sommes venus pour joindre notre voix à la leur, et pour dire haut et fort à ce patron : Dégages ! «L'Etat doit se réapproprier la laiterie de Draa Ben Khedda pour sauver les travailleurs», réclame Mme Hanoune. Cette dernière ne manquera pas d'exemples sur des actions similaires à travers le pays pour appuyer sa revendication de nationalisation qui constitue son cheval de bataille. Le mouvement de la laiterie de Béni Tamer à Blida, l'an dernier, celui de la cimenterie de Msila, du complexe sidérurgique d'El Hadjar, à Annaba, entre autres, explique la secrétaire générale du PT, «n'avaient qu'un seul objectif, à savoir la nationalisation et la rupture avec la privatisation monstrueuse qui n'a rien apporté et pour l'économie nationale et pour les travailleurs». C'est pourquoi, elle exhortera à l'occasion, le président Bouteflika à établir le bilan de la privatisation en Algérie «qui a totalement échoué», insiste Mme Hanoune. Chakib Khelil doit être jugé Dans le même ordre d'idées, la première dame du PT est revenue sur le scandale Sonatrach et le marché Enor/Algérie (Entreprise d'exploitation d'or en Algérie) qui a conduit à la détention, par la compagnie australienne GMA (Gold Mining of Algeria), de 52 % des actions de cette entreprise, contre 48% seulement pour la société nationale pétrolière Sonatrach. Selon elle, l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, en poste lors de la conclusion du marché, doit s'expliquer sur cette affaire. «Chakib Khellil doit être jugé», a-t-elle suggéré. L'Etat, ajoute-t-elle, doit récupérer cette entreprise sans indemniser GMA. «C'est cette année que prend fin le contrat avec cette compagnie et dans pas mal de marchés conclus avec des partenaires étrangers, alors à l'Etat d'en profiter et marquer la rupture avec ces privés qui n'ont rien apporté de plus, si ce n'est puiser dans les richesses du pays», se demande encore Mme Hanoune. Parlant des réformes politiques que le président de la République a initié, elle explique que «le processus entamé est biaisé». Elle dira qu'il fallait plutôt commencer par la révision de la loi fondamentale qu'est la Constitution, non pas par les lois que l'APN est en phase d'examiner pour y apporter des modifications. Cette assemblée, dans laquelle siège le PT d'ailleurs, qualifiée de «non crédible et illégitime» par Mme Hanoune, «favorise le maintien du statu quo par la détention de la majorité par le FLN». Ainsi, la première dame du PT pense que «l'occasion est des plus favorables pour rompre avec le système du parti unique et débarrasser une fois pour toute de la corruption, du népotisme et du clientélisme». La dynamique sociale du mois de janvier dernier, que le PT qualifie de «révolution tranquille», a conduit le gouvernement à faire des concessions, explique l'hôte de la ville de DBK. «Mais cela demeure insuffisant. Il faut encore des gages», dit-elle. Revenant sur d'autres questions que le PT aborde à chaque sortie médiatique, Mme Hanoune a réitéré la demande de son parti quant à l'officialisation de tamazight aux côtés de l'arabe. «Cela est réalisable», dit-elle, avant de proposer la généralisation de l'enseignement de cette langue dans les 48 wilayas du pays, d'une manière «obligatoire, et non pas facultative». Sur le plan international, elle qualifiera la crise libyenne de «coup d'Etat international», organisé par l'Otan, après que des rebelles aient été armés par le Qatar et la France, mais qui entre dans le cadre du projet du ‘Grand-Moyen-Orient' initié par J. W. Bush. L'enjeu, selon elle, n'est autre que le pétrole libyen, les bases militaires en Afrique du Nord et l'uranium du Niger. Ramdane Taâzibt, député du PT, a promis, quant à lui, dans une brève intervention, que l'appel des travailleurs de la laiterie sera porté au niveau de l'APN. Il appellera, enfin, les citoyens à mettre la main dans la main et à se mobiliser en comités locaux pour soutenir cette cause de nationalisation.