Un jeune homme, L. Karim, né le 19 décembre 1993, vendeur de légumes et demeurant à Beni Messous, est décédé des suites d'une balle qui lui a traversé la tête. Alors que la famille du défunt – une victime de la bombe du marché de Boumati en 1998 – et son entourage, voisins et amis, indiquent que le mineur a été tué par un policier lors des manifestations qui se sont déroulées dans la soirée de mercredi entre les habitants de la cité des 800 Logements et ceux de haï Essed, les responsables de la sûreté nationale nient les faits et indiquent qu'il n'y avait pas que la police qui était armée, précisant que Beni Messous est un circuit militaire plein d'agents civils et des services de sécurité. Selon la mère et le frère de la victime, les faits remontent à la soirée de mercredi, vers 19h, lorsque le jeune Karim est sorti du domicile parental afin d'acheter des bottes de foin. Des rixes et des affrontements entre les jeunes avaient déjà commencé la veille. Les deux cités sus-citées ont été encerclées par les véhicules et les agents de l'ordre public pour disperser la foule sans incident majeur. Au moment où la victime s'apprêtait à se retirer du groupe, une balle tirée par l'un des policiers «dite perdue» lui a traversé la tête. Le jeune est tombé sur place. Lorsque les policiers se sont approchés pour lui apporter de l'aide et l'évacuer vers l'hôpital, ses voisins les en ont empêchés, préférant le transporter avec leurs propres moyens. A l'hôpital de Beni Messous, le rapport du médecin légiste atteste, selon le directeur de garde, rencontré hier sur les lieux, que le corps de Karim est arrivé sans vie, alors que ses accompagnateurs et son frère affirment qu'il était dans un état comateux, certes, mais qu'il respirait toujours. La preuve, il a été évacué par le Samu et le médecin de garde à 23h vers le CHU de Bab El Oued pour une radio en urgence. Son frère a ajouté que lors du transfert, les policiers ont fait «des mains et des pieds» pour récupérer le dossier. Opération qui a échoué, le médecin de garde leur indiquant «qu'il est assermenté et qu'il doit suivre les procédures légales jusqu'au bout…». Le lendemain des faits, c'est-à-dire jeudi, une foule s'est rendue à l'hôpital pour lui rendre visite, avant que les policiers n'arrivent en force et dispersent les présents. Sa famille indique que deux heures après, la victime n'était plus à sa place et apprend qu'elle est morte… Selon la sûreté nationale, le jeune a été tué par une balle perdue tirée par X, mais sa famille déclare le contraire en précisant qu'au moment des faits, il n'y avait que les policiers sur place, ajoutant que les jeunes ne sont pas dotés d'armes à feu, mais d'armes blanches… Selon les services concernés, l'affaire est toujours en cours et l'instruction se poursuivrait au niveau de l'école de police de Châteauneuf.