La wilaya de Tizi Ouzou accuse un énorme retard dans la mise en application de la loi 08-15 du 20 juillet 2008, relative à la mise en conformité des constructions et leur achèvement. Ce sujet a fait hier l'objet d'un séminaire tenu au siège de la wilaya en présence du wali et de l'ensemble des chefs de daïra et des maires de la wilaya. Le bilan présenté par le directeur de l'urbanisme et de la construction, Mohamed Labrèche, est jugé très loin des résultats escomptés de l'opération de régularisation des constructions entamée en 2008. La cause du peu d'engouement des citoyens pour la régularisation de leur constitution est, selon les différents intervenants, les blocages qui persistent au niveau des commissions de daïra. Selon des statistiques avancées, pas moins de 20 000 constructions illicites sont recensées à Tizi Ouzou. Sur les 2242 dossiers déposés par les citoyens dans l'espoir de régulariser leurs constructions sur le bureau de la DUC, 1395 dossiers seulement ont été traités pour le moment, 401 dossiers sont en instance, sachant que l'opération de mise en conformité des constructions prendra fin dans 20 mois. Une myriade de contraintes et d'obstacles sont avancés par les maires et les chefs de daïra concernant le retard concédé dans la mise en conformité des constructions dans cette wilaya. Citons, entres autres, le problème de défaut d'alignement des constructions, les constructions dans des zones agricoles et touristiques, les problèmes de gabarit, c'est-à-dire les constructions de plusieurs étages sans autorisation, l'ouverture de fenêtres sur les voisins… Les intervenants ont plaidé aussi pour l'allégement des procédures au niveau des commissions de daïra, jugées draconiennes. Ils relèvent que les citoyens «mènent un parcours du combattant pour mettre en conformité leurs constructions, ce qui les pousse à abandonner leur démarche au bout d'un certain moment». À titre illustratif, sur les 193 dossiers de demande de mise en conformité des constructions déposés à la DUC de la commune de Larbaâ Nath Irathen, 15 seulement ont eu un avis favorable et 3 citoyens ont obtenu l'acte de propriété, souligne le P/APC de cette localité. Le maire de Boudjima a soulevé le problème des bâtisses publiques qui sont aussi des constructions illicites, comme des établissements scolaires, des polycliniques, des crèches communales, etc. «Moi, en tant que citoyen, je possède une construction illicite. Il m'est difficile de régulariser ma situation alors que le siège de notre commune est aussi une construction illicite», fait-il remarquer, pour dire que le problème des constructions illicites est très profond à Tizi Ouzou et ne concerne pas seulement les propriétés privées. Le wali, M.Bouazghi, qui a accordé un intérêt particulier à ce dossier, a exhorté les responsables du secteur de l'urbanisme à trouver une solution idoine à ce problème dans les plus brefs délais. De son côté, le P/APW, Mahfoud Bellabès, a indiqué que plus de 80% des constructions dans la wilaya de Tizi Ouzou, dont la majeure partie est celle des zones rurales, érigées sans permis de construire, sont concernées par cette opération de mise en conformité.