Au 11e jour de leur grève de la faim, l'état de santé des 13 douaniers s'aggrave progressivement. Avant-hier, en fin d'après-midi, un des syndicalistes a fait une grave hypoglycémie (0,6 gramme) durant son sommeil et fut évacué vers l'hôpital Mustapha-Pacha à Alger. Il sera le troisième gréviste à subir des conséquences physiques. En dépit de la gravissime tournure du mouvement, les responsables de l'UGTA se refusent à faire des commentaires. Au-delà de toutes considérations syndico-syndicales ou politico-politiciennes et partant du fait que les grévistes sont des êtres humains et algériens, il est révoltant de constater le silence des instances et des autorités vis-à-vis des grévistes des Douanes. En sa qualité de garante des droits et devoirs des travailleurs algériens et l'application des lois de la république, l'UGTA, appelée à l'arbitrage du conflit opposant les cadres des Douanes, syndicalistes, aux responsables de la fédération (FNTD), observe un silence qui suscite bien des interrogations. Sinon comment expliquer «l'absence de communiqués et la rétention d'informations concernant les mesures devant être prises pour mettre fin au conflit et au calvaire que vivent les syndicalistes ?» Cela dit, les 13 grévistes, alités à même le sol, à l'intérieur «du sanctuaire syndical» se disent «convaincus de leur mouvement et déterminés à dénoncer, d'une part, l'arbitraire dont ils ont fait l'objet et, d'autre part, les violations des textes régissant la pratique syndicale de la part du SG de la Fédération nationale des travailleurs des Douanes». Depuis le déclenchement de cette grève de la faim et en dépit des multiples couvertures médiatiques opérées par la plupart des quotidiens, la centrale syndicale qui, au travers de quelques canaux, parle «de négociations à propos du litige et des revendications soutenues, partiellement par l'union locale d'Alger, affiliée à l'UGTA». Devant le silence entourant la grève, l'épilogue ne semble pas se profiler à l'horizon et les grévistes en sont conscients. Le mutisme de l'UGTA Partant, et avec le souci de récolter des informations, nous avons tenté de contacter le premier responsable de l'UGTA, M. Sidi Saïd qui, selon des sources sûres «aurait adressé une mise en garde aux responsables des fédérations et aux membres du bureau, lors du conseil ordinaire qui s'est tenu avant-hier au sein de l'instance syndicale». Selon la même source, « Sidi Saïd aurait, sur un ton enrobé d'insinuation, lancé : «Que chacun assume ses responsabilités». Une déclaration ayant une connotation de message adressé aux responsables concernés par la scandaleuse grève déclenchée par des cadres des Douanes, une institution étatique et qui ne connaît pas d'épilogue à son 11e jour. Il est utile de dire que les tentatives de recueillir les propos de ce responsable ont été vaines. M. Maïza, chargé de l'organique au sein de l'instance syndicale de l'UGTA (présent lors du conseil de la Fédération des Douanes durant lequel les décisions de suspension ont été prononcées), accepte de nous recevoir pour finalement nous signifier son «refus de communiquer avec la presse». Il nous oriente vers M. Malki, chargé de la communication pour le compte de l'UGTA. Interrogé à propos des mesures que devra prendre l'UGTA concernant le litige syndico-syndical des Douanes, il a indiqué que «chacun assume ses responsabilités». M. Malki, que nous avons tenté de rencontrer, était absent. Des sources syndicales ont indiqué que «le conseil national de la Fédération des Douanes, qui devait se tenir le 1er décembre, aurait été annulé». Contacté, le SG de la fédération, M. Cherafa, a infirmé cette information indiquant «que nous avions suggéré la tenue du conseil pour le 1er décembre». Et d'ajouter : «Nous allons arrêter une date ultérieurement.» Pour l'heure, et en attente d'un épilogue positif, les douaniers grévistes se disent «décidés à aller au bout de leur mouvement et, forts de leurs convictions, se disent prêts à mourir s'il le faut».