L'Algérie enregistre chaque année 50 nouveaux cas de sida et 200 nouveaux cas de séropositivité, a déclaré mercredi un spécialiste de l'Institut Pasteur d'Algérie, le Dr Salima Bouzeghoub. «L'Algérie est un pays à faible prévalence, avec un taux de 0,1%, mais le risque d'infection rapide n'est pas à écarter», a estimé le Dr Bouzeghoub, responsable du laboratoire national de référence de l'infection VIH lors d'un forum organisé par le quotidien gouvernemental El Moudjahid Les chiffres officiels donnent un cumul, entre 1985 et le 30 septembre 2011, de 1.234 cas de VIH et 5.381 séropositifs. Mais ces statistiques, de l'avis de nombreux observateurs, ne sont que la partie visible de l'iceberg. Malgré l'existence de neuf centres de dépistages gratuits et anonymes, les efforts de sensibilisation auprès de la population par des associations de malades ou ceux de certains organismes, le sida reste un sujet tabou et de nombreux jeunes contractent la maladie car «l'usage du préservatif n'est pas généralisé et cela reste tabou». De nombreux malades arrivent à l'hôpital pour y mourir. Ils cachent leur maladie à leur famille et à la société qui stigmatise le sida. «L'infection est en train de se féminiser en Algérie», selon le Dr Bouzeghoub. Durant les premières années peu de cas féminins étaient enregistrés, mais maintenant autant de femmes que d'hommes sont contaminés. Le traitement des malades est gratuit, mais comme pour toutes les autres pathologies, il existe des ruptures de médicaments ou de réactifs nécessaires pour le suivi biologique du malade qui peut développer des résistances, rendant les chances inégales entre séropositifs. L'Onusida dans un rapport initial avait fait état la semaine dernière d'un nombre record de 34 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2010, principalement en raison d'un meilleur accès au traitement qui a contribué à réduire le nombre de décès et nourrit l'espoir d'une possible fin de la pandémie. Ainsi, aujourd'hui près de 50% des séropositifs ont accès à un traitement, ce qui a sauvé la vie à 700.000 personnes pour la seule année 2010.